MADRID (ESPAGNE) [19.08.16] - Tournée en ridicule sur la toile pour avoir restauré de façon désastreuse une fresque représentant Jésus couronné d'épines, une veuve espagnole de 85 ans a inspiré à deux Américains un opéra qui sera présenté samedi en Espagne.
La vieille dame, d'abord affligée pour avoir massacré une oeuvre qu'elle adorait, est devenue l'objet de toutes les attentions et devrait s'asseoir au premier rang de la représentation d'un extrait de "l'opéra de l'Ecce homo", dans son village de Borja, dans le nord de l'Espagne.
Elle avait eu l'idée de restaurer elle-même une fresque de l'église du village réalisée en 1930 par un artiste local.
Mais le résultat avait été horriblement raté, au point qu'une image de la fresque liftée - avant et après - avait rencontré un immense succès sur internet en 2012.
L'octogénaire était devenue objet de dérision, comme l'auteur de la pire restauration d'une oeuvre d'art, le visage du Christ ressemblant désormais, selon les moqueurs, à celui d'un ours en peluche.
Mais Cecilia Gimenez, aujourd'hui âgée de 85 ans, a finalement changé de statut, "de méchante à héroïne", se félicite le créateur de l'opéra, Andrew Flack, qui en a écrit le livret tandis que son compatriote Paul Fowler composait la musique.
Pour s'en sortir, la vieille dame aura quand même dû "entreprendre une thérapie", relève M. Flack, qui s'est déplacé plusieurs fois à Borja et a appris à connaître la vieille dame et sa famille.
L'oeuvre initiale était "une fresque dans son église qui lui était chère et à laquelle personne ne prêtait attention", résume M. Flack. "Elle a seulement essayé d'aider" en tentant de restaurer l'oeuvre déjà abîmée, fait-il valoir.
"Quand l'affaire est devenu virale (sur les réseaux sociaux) et qu'on se moquait d'elle, elle s'est sentie très mal. Mais maintenant, elle a l'impression que cela relève du miracle!", dit-il.
Car des hordes de curieux se pressent désormais dans le village de 5.000 habitants situé près de Saragosse: on y a compté 170.000 visiteurs au total depuis le début de l'affaire, selon le maire de Borja, Eduardo Arilla Pablo.
Il en coûte deux euros pour voir l'oeuvre de la vieille dame et se gausser.
Divers objets portant l'image de la fresque mutilée, du mug au tee-shirt, sont même commercialisés.
Samedi, des extraits de l'opéra seront interprétés par une chorale locale et des chanteurs professionnels de la région, sur une place jouxtant l'église.
Puis les deux amis américains prévoient de le présenter aux Etats-Unis.
Quand ils se sont rendus compte que l'histoire faisait un tabac, en août 2012, ils ont décidé d'en faire une oeuvre intitulée "Behold the man", traduction de l'expression latine "Ecce homo" signifiant "voici l'homme", les mots de Ponce Pilate lorsqu'il présenta Jésus à la foule, selon l'Evangile.
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Un opéra réhabilite une Espagnole qui avait massacré une fresque
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