Égypte

Un musée néerlandais persona non grata en Égypte

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 12 juin 2023 - 408 mots

ÉGYPTE

Les autorités égyptiennes expulsent des archéologues néerlandais d’un site de fouilles à cause d’une exposition au Pays-Bas.

Visuel de communication de l'exposition Kemet au Musée national des antiquités de Leyde, aux Pays-Bas. © Rijksmuseum van Oudheden
Visuel de communication de l'exposition Kemet au Musée national des antiquités de Leyde, aux Pays-Bas
© Rijksmuseum van Oudheden

Le Musée national néerlandais des antiquités de Leyde, aux Pays-Bas, est sous le feu des critiques des autorités égyptiennes, qui lui reprochent d’adopter une approche « afrocentrique » de l’Égypte antique dans une exposition qui se tient jusqu’au 27 juillet 2023. Accusant le musée de « falsifier l’histoire » à travers son exposition, les autorités égyptiennes ont décidé d’interdire à l’équipe d’archéologues du musée qui, depuis 1975, effectue des fouilles dans la nécropole égyptienne de Saqqarah, près du Caire, de poursuivre leurs travaux. 

Intitulée « Kemet : L’Égypte dans le Hip Hop, Jazz, Soul & Funk », l’exposition rassemble des portraits de célébrités afro-américaines habillées en souverains égyptiens, telles que Beyoncé et Rihanna en reine Néfertiti ou encore l’acteur Eddie Murphy en Ramsès II, afin de montrer comment l’Égypte ancienne et la Nubie ont été une source d’inspiration pour les musiciens d’ascendance africaine.

Un propos qui a suscité l’indignation des Égyptiens qui déplorent de voir leur culture être associée à d’autres cultures africaines, ressentant cela comme une dépréciation de leur identité. Selon Daniel Soliman, le commissaire égypto-néerlandais de l’exposition, la controverse reflète le nationalisme et le racisme contre les Noirs en vigueur dans le pays, en crise, mais aussi le « fait que les Égyptiens d’aujourd’hui, en particulier ceux de l’ouest du pays, soient souvent négligés dans l’étude de l’Égypte »

La controverse est similaire à celle qui a surgi en avril sur le casting d’une actrice noire, Adèle James, pour jouer la reine Cléopâtre, dans une série documentaire Netflix. L’attribution de racines africaines à la reine a déclenché une pétition, une plainte déposée auprès du parquet et des débats au Parlement égyptien. Le ministère égyptien des Antiquités a rappelé que la souveraine du royaume ptolémaïque d’Égypte avait des traits hellénistiques et une carnation claire. 

« L’interdiction des fouilles est regrettable », a souligné Wim Weijland, directeur du musée néerlandais, d’autant que les « autorités du Caire n’ont même pas vu l’exposition », mais son équipe n’a pas l’intention de la modifier. 

Le musée insiste sur le but de l’exposition « Kemet » qui est de montrer et de comprendre la représentation de l’Égypte ancienne dans la musique des artistes noirs. Il s’agit aussi de mettre en avant des artistes qui, au cours de leur carrière, ont fait un clin d’œil à l’Égypte antique, comme le rappeur Nas qui portait un masque de Toutankhamon sur la pochette de l’album, I am…, sortie en 1999. 
 

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