Accident

Italie

Séisme fatal pour le patrimoine en Émilie-Romagne

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 23 mai 2012 - 564 mots

Un séisme d’une ampleur similaire à celui qui a ravagé l’Aquila en 2009 a fait trembler le nord de l’Italie. Premier bilan des dégâts sur le patrimoine culturel et historique.

FERRARE (ITALIE) - Sept morts, des milliers de blessés et de personnes évacuées… Le séisme de magnitude 6 qui a touché la région de Modène et de Ferrare, dans la nuit du 19 au 20 mai, fait revivre le bien triste souvenir des trois cents morts causés par le tremblement de terre qui avait ravagé l’Aquila en 2009. Une catastrophe qui se reproduit et dont le patrimoine culturel d’Émilie-Romagne est une victime collatérale – certains monuments vieux de plusieurs siècles ont capitulé en quelques minutes. Le ministère de la Culture italien a immédiatement pris part aux opérations d’urgence, activant son réseau au niveau territorial. Si la plupart des forces vives s’efforcent de sauver des vies humaines, une unité de crise a été formée pour dresser, avec l’aide des pompiers et de la protection civile, un premier bilan des dégâts sur les monuments du patrimoine historique et culturel.
Située à une trentaine de kilomètres au nord de Bologne, dans la province de Ferrare, Finale Emilia est l’épicentre du séisme victime d’une centaine de répliques pendant plus de 24 heures. En toute logique, la commune accuse les dégâts les plus graves, en particulier dans son centre historique.

Une région entière sinistrée
Symbole des dommages causés par les innombrables secousses, la Tour des Modénais (ou Tour de l’Horloge, début du XIIIe siècle) s’est scindée en deux au petit matin, avant de s’effondrer comme un château de cartes dans l’après-midi. Le château Delle Rocche (construit en 1402 sur des fortifications médiévales) ainsi que le tympan et la nef du Duomo (XVe siècle) ont été touchés, tandis que trois familles ont été forcées d’abattre un mur d’enceinte pour s’échapper des décombres du Palais Grillenzoni (ou des Vénitiens) desquelles elles étaient prisonnières (XVIIe siècle). Ont également souffert les églises de la Buonamorte, du Rosaire et de l’Annunziata (XVIe – XVIIe siècle).  Non loin de Finale Emilia, dans la commune de Sant’Agostino, le toit d’un oratoire du XVIe siècle s’est effondré alors qu’il venait d’être restauré. Les pompiers ont extrait les œuvres qui pouvaient être sauvées par hélitreuillage. Toujours dans la province de Ferrare, le toit de l’église de Buonacompra à Cento s’est évaporé devant les caméras de télévision ; à Poggio Renatico, le château Lambertini (XVe siècle) n’a pas résisté aux secousses de même que l’église de Saint-Paul à Mirabello. À Ferrare même, la tour des Lions de l’emblématique Château d’Este (fin du XIVe siècle) a succombé, et le cours Ercole I d’Este déplore l’effondrement de l’ancien palais du Mont de Piété (XVIIIe siècle).

Dans la province voisine de Modène, à San Felice sul Panaro, la forteresse du XIVe siècle a vu trois de ses quatre tours tomber en miettes. Le Duomo s’est écroulé, tandis que de nombreux monuments historiques, parmi lesquels l’hôtel de ville, ont été endommagés. Enfin à Bologne et dans ses environs, on ne compte plus les églises endommagées, les murs lézardés et les statuaires effondrées. À Crevalcore, par exemple, la tour partie supérieure d’une tour du château de Galeazza (fin du XIVe siècle) s’est détachée. Au 21 mai, trois musées de la région de Ferrare restent fermés : la Pinacothèque nationale, le Musée archéologique et la Casa Romei. Le traumatisme de l’Aquila est encore très présent dans les esprits. Espérons que les leçons de ce drame seront retenues pour faire face à cette nouvelle situation de crise.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°370 du 25 mai 2012, avec le titre suivant : Séisme fatal pour le patrimoine en Émilie-Romagne

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