Les premières réactions après la publication du rapport d’Alain Seban sur la circulation des œuvres sont très mitigées.
Paris - Plus de deux semaines après avoir été rendu public, le rapport pour une meilleure circulation des œuvres d’Alain Seban, président du Centre Pompidou, n’a semble-t-il encore guère été lu par les responsables des musées en régions. Il est vrai qu’il n’a pas fait l’objet d’une communication particulière de la rue de Valois lors de sa remise en avril par le président du Centre Pompidou, et qu’il a même été tenu soigneusement secret. Quelques-uns cependant l’ont étudié. Le sentiment général est celui d’un « rapport qui, à part [d’enfoncer] des portes ouvertes et d’être aussi parfois peu clair dans ses constats et recommandations, s’avère surtout un regard extrêmement parisien avec une vision très centraliste. » Et certains de noter également que le rapport « s’inscrit dans une vision des collections qui englobe dans une même dynamique l’art ancien, moderne et contemporain, aux problématiques pourtant très différentes ! » La dispense d’assurance entre prêteurs qu’Alain Seban recommande, et vers laquelle la ministre entend s’engager, est cependant une mesure positive « qui permettrait », comme le souligne Joëlle Pijaudier-Cabot, directrice des musées de Strasbourg, « d’alléger le coût des expositions des musées des collectivités territoriales lorsqu’ils empruntent à un musée national », les musées nationaux étant entre eux exemptés d’assurance. Autre piste saluée : la nécessité d’avoir une vision d’ensemble de tous les dépôts, entre les dépôts « fondateurs » et ceux qui ne sont jamais montrés, afin de doter les musées sous-alimentés en œuvres de premier choix. . Et s’agissant des dépôts « fondateurs », Guy Tossato, le directeur du Musée de Grenoble en souligne l’importance : « Ces dépôts sont des œuvres repères pour les visiteurs qui peuvent leur permettre de constater au fil des ans le chemin fait dans leur compréhension et familiarisation avec les collections du musée ».
Prêts et dépôts conditionnés
Un responsable d’institution en région note que l’amélioration de la circulation des collections suppose aussi que les œuvres acquises par des crédits d’État, et attribuées en général et en premier lieu aux grands musées parisiens, fassent l’objet d’une meilleure redistribution en région. Un autre responsable de musée de trouver « inquiétant et appartenant à un autre âge ce quant-à-soi des responsables de collections nationales qui continuent à penser qu’ils sont propriétaires des œuvres appartenant à l’État et que seul l’effet de leur bonne volonté permet d’en faire profiter les régions. Les populations de Marseille, de Montauban, de Lille ne paient-ils pas autant leurs impôts ? » De même « surprenant, et encore dans cette logique de corps et cette vision centraliste », mentionne-t-il, « cette recommandation préconisant une mission spécifique pour appréhender plus précisément les contours du redéploiement des dépôts, qui serait confiée à un parlementaire épaulé par un conservateur général du patrimoine et un membre du Conseil d’État ou de l’Inspection générale des Affaires culturelles. En sont donc exclus d’office les conservateurs en région, le statut de conservateur général n’existant que dans les musées nationaux. » Quant à conditionner les prêts et les dépôts à une meilleure médiation, cela relève là encore, pour la plupart des directeurs interrogés, d’une absence de prise en compte véritable du travail entrepris depuis des années, que ce soit dans les quartiers, les établissements scolaires, les hôpitaux, les centres de détention ou dans les entreprises et centres commerciaux. Inciter les musées à développer encore plus leurs actions de médiation hors de leurs murs induit de pouvoir dégager des moyens supplémentaires qu’ils n’ont pas, et de se pencher sur leurs structures et problématiques économiques différentes d’un établissement à un autre, comme sur la question du financement de ces actions par le ministère.
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Rapport Seban - Une vision très centraliste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°398 du 4 octobre 2013, avec le titre suivant : Rapport Seban - Une vision très centraliste