La visite virtuelle n’est pas une simple extension de l’offre des musées. Les équipes de la médiation se saisissent de la numérisation des expositions pour redéfinir le contenu proposé et sa scénarisation.
Médiation. La focalisation des établissements culturels sur le numérique en général, et sur les visites virtuelles en particulier en cette période de crise, a engendré un changement de paradigme. « Au début, nous étions surtout contactés par les services de communication, car les visites virtuelles étaient pour beaucoup des outils de communication avant tout », relate Guillaume Jacquemart d’Explor Visit. Un constat partagé par Benjamin Moreno, d’Ima Solutions : « Aujourd’hui, les demandes émanent des équipes de médiation. C’est plus intéressant puisqu’il s’agit de créer un contenu en adéquation avec leurs besoins. »
Au Centre des musées nationaux (CMN), près de 25 guides ont été formés. « Il faut environ vingt heures pour préparer une visite, un temps que nous n’avions pas du tout anticipé », avoue Abla Benmiloud-Faucher. « Ce n’est pas comme en présence, où les visiteurs posent leurs questions à la volée. Il s’agit donc de trouver le bon ratio entre interactivité et conférence », souligne Benjamin Moreno.
Pour les conférenciers, les visites-conférences sur modèle 3D permettent d’imaginer des contenus enrichis et des déplacements qui n’ont pas d’équivalent dans la vraie vie. Comme l’explique Benjamin Moreno, « on peut se téléporter à différents endroits ou sauter des sections de l’exposition. Ce qui permet de créer une infinité de parcours et de trajets ». « Nos médiateurs sont montés en compétence là-dessus, témoigne Abla Benmiloud-Faucher. Aujourd’hui, ils n’essayent plus de recréer l’équivalent de ce qu’ils connaissent en visite in situ mais de tirer parti du numérique pour inventer un nouveau format. » « C’est aussi une évolution du métier. On a fait des formations destinées à l’interne et on est en train de rédiger un Livre blanc de bonnes pratiques pour l’ensemble des institutions », ajoute-t-elle, confiant qu’il faut également savoir trouver les bons prestataires, capables de donner des conseils sur la scénarisation et de déterminer les points d’intérêt (POI) en amont de la captation.
Mais si l’engouement des institutions pour ce format est tangible, les chiffres restent pour le moment assez faibles. À la Réunion des musées nationaux, seules 15 % des visites en ligne des expositions « Noir & Blanc » (2 300 visiteurs) et « Femmes peintres » (700 visiteurs) se font avec conférencier. Un ratio qui s’explique par un prix plus élevé et par une jauge réduite, notamment pour des raisons techniques.
Les expositions futures seront-elles conçues en anticipant leur numérisation ? « Pour avoir une incidence, cela nécessite que ceux qui conçoivent les expositions soient mieux formés à ces problématiques, estime Antoine Roland, de l’agence d’ingénierie culturelle Correspondances digitales. Ce qui peut aussi être une des vertus de la période actuelle. »
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Quelle influence sur les métiers de la médiation ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°569 du 11 juin 2021, avec le titre suivant : Quelle influence sur les métiers de la médiation ?