Royaume-Uni - Commande publique

Polémiques autour d’une nouvelle sculpture d’Oscar Wilde à Londres

LONDRES / ROYAUME-UNI

La sculpture qui doit être érigée pour le centenaire de sa naissance ne plaît pas à tout le monde.

Londres. Une nouvelle sculpture d’Oscar Wilde crée la polémique à Londres, bien qu’elle n’ait pas encore été révélée. Conceptualisée par l’artiste Eduardo Paolozzi, décédé en 2005, la sculpture a été commandée de manière posthume et devait être installée en 2024 à l’occasion du centenaire de la naissance de l’artiste. Elle sera inaugurée dans le quartier de Chelsea, le 16 octobre, jour de la naissance d’Oscar Wilde. Elle représente la tête de l’écrivain posée sur le côté et divisée en plusieurs segments. Merlin Holland, le descendant d’Oscar Wilde, a qualifié la sculpture« d’hideuse » dans les colonnes du Guardian. Il reproche à l’œuvre de ne pas représenter « l’esprit et le brio » de l’auteur.

Simon Wilson, ancien conservateur de la Tate, partage cet avis, bien qu’il admette ne pas encore avoir vu l’œuvre directement. « Conceptuellement, c’est similaire à la sculpture censée représenter l’inventeur britannique James Watt en face du Musée du Design, souligne-t-il. C’est donc bien une sculpture de Paolozzi, mais cela ne raconte pas grand-chose sur Oscar Wilde. »

Le spécialiste admet qu’une interprétation est possible : celle d’un dieu torturé tombé en déchéance. Mais cette interprétation soulève la question de l’emplacement, un quartier dans lequel Paolozzi et l’écrivain ont tous deux vécu. « Quand Oscar Wilde habitait à Chelsea, il était au sommet de sa gloire. Le lieu n’est donc pas approprié pour une image de ce type. »

Un précédent en 1998

La Oscar Wilde Society, en revanche, s’amuse de cette polémique. « Continuer de parler de lui et susciter des controverses à son égard est le meilleur cadeau qu’on puisse lui faire, 124 ans après sa mort, souligne Vanessa Heron, la présidente. Comme il le disait lui-même dans Le Portrait de Dorian Gray : lorsque les critiques ne sont pas d’accord, l’artiste est en accord avec lui-même. »

La présidente attend avec impatience l’inauguration de la statue pour se faire sa propre opinion. Mais quel que soit le résultat, elle estime qu’il y aura toujours des personnes pour ne pas aimer, comme cela avait été le cas avec la statue d’Oscar Wilde par Maggie Hambling, dévoilée en 1998. « Les gens avaient trouvé cela hideux, vulgaire... Mais aujourd’hui, c’est une statue appréciée. »

Au printemps, le projet d’installation de l’œuvre avait déjà suscité des critiques, car le parc où elle sera posée est un ancien cimetière de l’Église anglicane. Un opposant au projet avait soutenu, entre autres, que la moralité de Wilde rendait inappropriée cette statue sur un site encore sacré. Cette objection a été rejetée par les ecclésiastiques locaux comme étant « grossièrement exagérée ».

Maggi Hambling, A Conversation with Oscar Wilde, installée en 1998 à Charing Cross, Londres - Photo Luke McKernan, 2019 - CC BY-SA 2.0
Maggi Hambling, A Conversation with Oscar Wilde, installée en 1998 à Charing Cross, Londres

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : Polémiques autour d’une nouvelle sculpture d’Oscar Wilde à Londres

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