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Plein la Mirette

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 22 septembre 2021 - 416 mots

PARIS

Fondation Pernod Ricard -  On ne réserve pas au Café Mirette, le restaurant de la Fondation Pernod Ricard.

Dans l’absolu, cette spontanéité est plaisante ; entre 10 h et 19 h, le jeudi jusqu’à 23 h, on sait que l’on trouvera le café ouvert et qu’il y aura à la carte quelque chose à grignoter. Mais voilà, alors que le lieu, encore confidentiel, a déployé ses tables ombragées de parasols sur la piazza de la fondation, on a peur soudain que ce havre de calme à deux pas de la gare Saint-Lazare ne soit pris d’assaut. Et l’on commence à envisager des ruses : arriver plus tôt ou plus tard ? Faire courir le bruit que le café a fermé afin de décourager les amateurs ? Il faut agir en stratège. Car voilà sans doute l’une des plus belles et vastes terrasses de Paris, en retrait de la rue, lumineuse, agrémentée de quelques îlots bucoliques paysagés. En vertu d’une règle non écrite mais vérifiée par plus d’un touriste dans l’Hexagone, cette adresse idéalement située devrait, au choix, pratiquer des prix prohibitifs ou servir une nourriture infecte. Voire les deux. Il n’en est rien. L’établissement, qui fait partie du groupe La Pantruchoise, pratique au fil des saisons une cuisine gourmande aux saveurs franches : soupe coco-tomate-citronnelle légèrement acidulée, rillettes de lieu noir et son tarama d’anchois à tartiner sur des toasts dorés, effiloché fondant de porc aux épices, émouvant granola rhubarbe-estragon sur un nuage crémeux de mascarpone… On mange délicieusement bien au Café Mirette, et sans tirer la langue au moment de payer la note – les plats sont entre 8 et 14 euros. Cet esprit de bistronomie heureuse reflète la philosophie de la fondation, qui se veut, depuis son emménagement sur le site du groupe Pernod Ricard, encore plus accueillante. Signalées par le nuancier géant de Mathieu Mercier, arc-en-ciel graphique visible depuis l’extérieur, sa bibliothèque et sa librairie se confondent d’ailleurs avec l’espace du café, peuplées d’objets qui tous ont été imaginés par des plasticiens, des lampes de Neil Beloufa au tapis de Katinka Bock. Un grand mur blanc vient d’y être baptisé « l’Avancée » et sera désormais dédié aux artistes émergents. Une façon de prolonger l’espace d’exposition, dont la programmation est déjà dense. En 2021-2022, cette nouvelle cimaise sera réservée chaque mois au travail d’un étudiant de l’École des beaux-arts de Paris. On lui souhaite de rencontrer son premier collectionneur, critique d’art ou conservateur, autour d’un suprême de volaille revisité ou d’un gravelax de thon aux myrtilles.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°747 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Plein La Mirette

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