L’annonce de la nomination de Georges-Marc Benamou à la Villa Médicis suscite des remous.
Paris - Après des semaines passées à lire son nom dans la liste des futurs sortants du gouvernement, Christine Albanel a dû se sentir soulagée dès l’annonce, lundi 17 mars, du départ du conseiller pour la Culture et l’Audiovisuel du président de la République, Georges-Marc Benamou vers l’Académie de France, à Rome. Ce dernier devrait succéder au scénographe Richard Peduzzi, nommé en 2002. Georges-Marc Benamou ne sera pas remplacé à l’Élysée, ses attributions incombant désormais à Catherine Pégard, déjà en charge d’un lourd « Pôle des affaires politiques » et à Éric Garandeau, conseiller technique qui connaît bien la Rue de Valois pour y avoir servi Jean-Jacques Aillagon. Malgré la défaite aux élections municipales de la liste sur laquelle elle figurait dans le 4e arrondissement de Paris, l’horizon de la ministre se dégage avec la disparition de son principal rival. Ce dernier n’avait eu de cesse de saper son action auprès du locataire de l’Élysée. Christine Albanel dispose désormais de neuf mois pour convaincre sur plusieurs dossiers brûlants (réforme de l’audiovisuel public et du ministère de la Culture), avant le grand remaniement désormais annoncé pour la fin de la présidence française de l’Union européenne, en janvier 2009.
Un poste convoité
Le parachutage de Georges-Marc Benamou au poste très convoité de directeur de la Villa Médicis n’a toutefois pas fait que des heureux. Le principal déçu est Olivier Poivre d’Arvor, actuel directeur de CulturesFrance, qui n’avait pas fait mystère de son ambition. Piqué au vif, ce dernier a pris la plume dès le 18 mars, adressant un courrier cinglant au président de la République. Dans cette lettre, abondamment distribuée à la presse, Olivier Poivre d’Arvor affirme avoir reçu dès le 21 décembre 2007 de… Georges-Marc Benamou, la confirmation de sa nomination future à Rome. Poivre d’Arvor, sûr d’être le meilleur candidat, avait, en effet, bûché pour rafler la mise, proposant dès le mois de novembre un opportun projet pour la Villa Médicis centré sur la relation entre l’Europe et la Méditerranée, sujet cher au cœur de Nicolas Sarkozy. Dans sa missive, l’impétueux directeur de CulturesFrance se fait aussi péremptoire, fustigeant le dilettantisme à son poste annoncé par Benamou dans une dépêche à l’AFP : « À l’heure où vous vous souciez de rationaliser l’action de l’État, et, si j’en crois votre lettre de mission à la ministre de la Culture et de la Communication, à demander à l’administration un effort supplémentaire de rigueur, imaginer que la Villa Médicis est un lieu de repli pour conseiller en disgrâce, un lieu d’écriture, de repos, une retraite pour convenance personnelle, c’est donner un signe bien négatif. C’est donner du crédit à une culture de la désinvolture ». À n’en pas douter, Nicolas Sarkozy appréciera la leçon. Mais en créant la polémique, Olivier Poivre d’Arvor semble vouloir d’abord revendiquer la paternité de son projet pour la Villa Médicis. Et éviter d’être le dindon de la farce jusqu’au bout…
La nouvelle donne municipale aura probablement des répercussions sur quelques chantiers culturels. Le grand gagnant pourrait être le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille, comme s’y est engagé le Président de la République dans une lettre de soutien au maire sortant, Jean-Claude Gaudin, réélu de justesse. Promoteur du projet pour l’Île Seguin, Jean-Pierre Fourcade, maire sortant de Boulogne-Billancourt, s’est pour sa part incliné devant Pierre-Christophe Baguet. Ce dernier s’était déclaré en faveur du projet d’un parc de sculptures promu par Georges-Marc Benamou, dont on ne sait désormais quel en sera l’avenir. Le bilan de la rénovation urbaine et de la construction d’équipements culturels n’a, semble-t-il, pas convaincu les Stéphanois qui n’ont pas reconduit Michel Thiollière. Quant à Jean-Marie Rausch, à Metz, sa défaite a été nourrie par les mécontentements liés aux dépassements budgétaires du Centre Pompidou-Metz. À noter également, à Tours, la nouvelle défaite de l’ancien ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, et à Versailles le succès de François de Mazières, président de la Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris).
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Parachutage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°278 du 28 mars 2008, avec le titre suivant : Parachutage