A peine un juge américain avait-il annulé la saisie de deux tableaux d’Egon Schiele prêtés au MoMA de New York, que le procureur fédéral ordonnait une nouvelle saisie sur l’une des deux œuvres, Portrait de Wally. Le feuilleton continue.
NEW YORK. Prêtés par la Fondation Leopold, à Vienne au Museum of Modern Art (MoMA) pour une exposition, Portrait de Wally et Ville morte III d’Egon Schiele avaient été saisis à la demande des héritiers de collectionneurs juifs autrichiens spoliés par les nazis (lire le JdA n° 53, 30 janvier 1998). La saisie ordonnée en janvier 1998 par le procureur de la Ville de New York, Robert Morgenthau, avait été annulée par le juge en mai, puis confirmée en appel en mars 1999, avant qu’une récente décision n’ordonne leur restitution à la Fondation Leopold, signifiant ainsi aux plaignants que leur requête devait être portée devant la justice autrichienne. À peine le MoMA s’en était-il félicité, affirmant “qu’il ne saurait y avoir d’exception à la loi de l’État de New York sur les saisies et qu’un musée ne peut échapper à sa responsabilité de retourner les œuvres d’art prêtées”, que le procureur fédéral de New York, Mary Jo White, ordonnait une nouvelle saisie sur l’une des deux œuvres, Portrait de Wally. “Il y a toute raison de penser que le tableau peut être considéré comme volé au regard de la loi autrichienne et qu’il a été importé aux États-Unis en violation de la loi”, a-t-elle affirmé dans un communiqué. Cette toile, peinte en 1912, est réclamée par la famille de la galeriste Lea Bondi Jarray, qui avait été contrainte d’abandonner sa galerie à Vienne en 1938 pour fuir les persécutions nazies contre les Juifs. La valeur actuelle du Portrait est estimée à deux millions de dollars (12,6 millions de francs).
Faut-il interpréter ce nouveau rebondissement comme une marque de défiance à l’égard des autorités autrichiennes ? Il est vrai que cet été, le Raubunst Beirat – l’institution chargée de statuer sur les œuvres confisquées aux familles juives et placées dans les musées nationaux – a reporté sa décision sur cinq tableaux ayant appartenu à Alma Mahler-Werfel, et recommandé de ne pas rendre les cinq Klimt, évalués cent millions de dollars, que réclame la famille Bloch-Bauer (lire le JdA n° 72, 4 décembre 1998). Toujours est-il que cette affaire intéresse évidemment les musées du monde entier, sollicités pour prêter dans le cadre de grandes expositions. Le risque de voir leurs œuvres prises en otage de litiges judiciaires pourrait en effet les rendre plus circonspects et enrayer cette belle mécanique. On peut toutefois estimer que la sécurité juridique passe après la nécessaire réparation des crimes contre l’humanité.
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Ni oui ni non
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : Ni oui ni non