Monet n’attire pas seulement les foules en Europe ou aux États-Unis. Plus de 430 000 personnes ont visité l’exposition Claude Monet au Musée national des beaux-arts de Rio de Janeiro. Et, pour la première fois, le Brésil a cédé aux démons du merchandising culturel.
RIO DE JANEIRO. À ceux qui prétendent que le phénomène des expositions à succès est en train se tarir, le succès au Musée national des beaux-arts de Rio de Janeiro d’une exposition consacrée à Monet peut apporter des éléments des réflexion. Plus de 430 000 visiteurs, y compris un grand nombre d’enfants des écoles, s’y sont rendus entre le 12 mars et le 18 mai. Dans son édition du 19 mai, le Jornal do Brasil décrivait avec étonnement "un authentique phénomène de découverte culturelle très populaire se traduisant, notamment le dernier jour, par une interminable file d’attente bon enfant". Installée dans la galerie du XIXe siècle du musée, l’exposition reposait sur le prêt de 21 tableaux du Musée Marmottan (toutes de la période Giverny), complétés par des œuvres du Musée d’art de São Paulo, en particulier l’extraordinaire En canot sur l’Epte. Son succès ne réside pas seulement dans la découverte par un public attentif et curieux de l’œuvre – ou d’une partie de l’œuvre – de Monet, il s’explique aussi par un ensemble de manifestations conçues dans le musée et dans la ville conférant à l’événement une envergure jamais atteinte au Brésil. Le musée avait en effet prévu un espace multimédia, une salle d’animation pour enfants et une exposition complémentaire sur l’Impressionnisme au Brésil, le tout accessible avec un billet unique. En ville, le Musée d’art moderne avait organisé une exposition traitant de l’influence de Monet sur l’art moderne. On a pu comparer ce succès à celui de la dernière Biennale de São Paulo à l’automne 1996, qui avait joué largement la carte des rétrospectives des figures essentielles de l’art du XXe siècle et accueilli près de 400 000 visiteurs au prix d’un effort financier très important (on parle d’un chiffre de 50 millions de francs). En l’occurrence, l’exposition a disposé d’un budget plus modeste – 2 millions de reis, soit 10 millions de francs – comprenant des investissements de structure pour le musée, la climatisation des salles ayant été exigée par les prêteurs. Ce budget a été financé en totalité par les recettes de la billetterie et les sponsors : la compagnie pétrolière Petrobras, la compagnie de téléphone Telebras, IBM, les assurances Sul America, ainsi que le partenaire permanent des institutions culturelles brésiliennes, la Fondation Roberto Marinho, créée par le propriétaire de TV Globo et son épouse Lily. Pour la première fois également, le Brésil a cédé aux démons du merchandising culturel (multimédia compris) : le chiffre d’affaires est estimé à l’équivalent de plus de 5 millions de francs, auxquels s’ajoute le phénomène non chiffrable de la "Monetmania" qui s’est emparée de la ville.
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« Monetmania » à Rio de Janeiro
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°40 du 13 juin 1997, avec le titre suivant : « Monetmania » à Rio de Janeiro