ALGER / ALGERIE
La nomination surprise de Meriem Merdaci à la Culture est un signe d’ouverture à la société civile du nouveau gouvernement algérien. Portrait de cet ancienne journaliste et éditrice.
1983 Naissance de Meriem Merdaci à Constantine (dans l’est de l’Algérie), dans une famille dont le nom est bien connu des Algériens. Les Merdaci comptent parmi leurs membres plusieurs magistrats et intellectuels dont Abdelmadjid Merdaci, père de Meriem. Celui-ci est un historien reconnu de l’indépendance algérienne, et professeur à l’université de Constantine.
Après un baccalauréat scientifique, Meriem Merdaci obtient une licence en sciences de la communication et de l’information à l’université Mentouri de Constantine, puis complète son cursus en France par un master d’histoire à l’université Paris-XIII.
2008 Meriem Merdaci travaille en Algérie comme journaliste pour divers médias de 2005 à 2008. En 2008, à l’âge de 25 ans, elle fonde les Éditions du Champ libre à Constantine, avec pour ligne éditoriale « le patrimoine algérien, l’histoire nationale et la jeune littérature algérienne ». Elle se revendique en tant qu’« éditrice indépendante, sans soutien officiel et sans réseau de connivences ». Dans le catalogue de sa maison d’édition se trouvent des ouvrages sur le patrimoine musical de Constantine, des essais historiques et des romans ou nouvelles signés de jeunes auteurs algériens. À noter que son père a publié plusieurs ouvrages dans cette maison d’édition, notamment sur l’histoire du GPRA (Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne), actif pendant la guerre d’Algérie. Sur une période de dix ans, Meriem Merdaci publie au total dix-sept livres, en arabe, en français et même en tamazight (la langue des Berbères) ; elle traduit également en arabe des ouvrages français.
2017-2018 À l’été 2017, l’éditrice fonde une structure culturelle, dénommée « Houna Qassantina », pour organiser des débats et conférences à Constantine. Les thèmes abordés reflètent ses centres d’intérêt, soit le patrimoine local, l’histoire de l’Algérie coloniale et aussi le football. En 2018, à l’occasion des 10 ans de sa maison d’édition, elle est longuement interviewée par les médias algériens et exprime dans leurs colonnes et sur leurs ondes son opinion sur l’état de l’édition : « Il n’y a pas de politique de l’édition en Algérie, la distribution du livre y est aléatoire, et j’appelle de mes vœux des assises nationales du livre. »
2019 À la surprise générale, Meriem Merdaci est nommée ministre de la Culture par Noureddine Bedoui, le Premier ministre du gouvernement algérien nommé le 31 mars. Sans expérience politique et peu connue du grand public, elle attire les critiques de l’opposition, en raison de déclarations qu’elle aurait faites précédemment à propos des manifestations de la population contre un cinquième mandat du président Bouteflika. Des rumeurs de démission circulent sur les réseaux sociaux le 4 avril, rumeurs aussitôt démenties par son ministère.
Le choix de Meriem Merdaci est vu par la presse comme une tentative d’ouverture à la société civile par le pouvoir algérien, mais, pour l’opposition, l’ombre de son père plane sur cette nomination. La ministre déclare vouloir instaurer « une nouvelle dynamique culturelle » avec la jeunesse algérienne, de belles intentions alors que son mandat risque d’être écourté par les élections générales prévues à l’été 2019.
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Meriem Merdaci, une nouvelle ministre de la Culture inattendue pour l’Algérie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°521 du 12 avril 2019, avec le titre suivant : Meriem Merdaci, nouvelle ministre algérienne de la Culture : un signe d’ouverture à la société civile du nouveau gouvernement algérien