Liste s’étoffe, Design Miami s’ouvre à l’Art déco

Au niveau de la liste tout d’abord, qui manque d’attrait. Le nouvel emplacement excentré, à Dreispitzhalle près du Schaulager, ne plaide pas non plus en sa faveur. En revanche, Liste se repositionne comme la vraie « alternative », malgré son côté brouillon et ses propositions pas toujours affinées. Le panel se renforce cette année avec l’arrivée des Parisiens Carlos Cardenas et Gaudel de Stampa. Schleicher  Lange (Paris) revient avec une exposition personnelle de Maria Loboda, tandis que Chez Valentin (Paris) propose un one woman show d’Anne Neukamp. Lucile Corty (Paris) prévoit un accrochage plus varié que lors de sa première participation, avec notamment Roxane Borujerdi et Aurélien Porte. « Pour une jeune galerie, participer à Liste, c’est comme entrer dans une famille, avec un engagement et une qualité qui n’existent pas dans d’autres foires off », estime Denis Gaudel. « C’est une excellente caisse de résonance. C’est peut-être moins prestigieux qu’être sur Art Statements à Art Basel, mais, en termes de visibilité, c’est tout aussi efficace », ajoute Frédéric Bugada, de la galerie Bugada & Cargnel (Paris), véritable abonnée du salon. Reste que les résultats économiques ne sont pas toujours à la hauteur des attentes.

Mobilier XVIIIe
Contigu depuis l’an dernier à Art Basel, Design Miami confirme son ouverture au mobilier du XVIIIe siècle. Déjà présent en 2009, Philippe Perrin (Paris) est rejoint par Didier Aaron & Cie (Paris). Avec l’exposition « Avatars », mise en scène par le décorateur Jacques Grange, cette dernière galerie veut démontrer que certains meubles du XVIIIe siècle ont influencé la création des XXe et XXIe siècles. D’où le parallèle entre un secrétaire violoné de Jean-François Oeben et les photos de chiffonniers d’André Groult ou de Marc Newson. « Notre clientèle a 55-60 ans au minimum, précise Bill Pallot, de la galerie Aaron. Nous voulons montrer au nouveau riche trentenaire, qui achète du Ron Arad ou du Newson, que le XVIIIe siècle n’est pas forcément ennuyeux. Jacques Grange a réussi à placer une ou deux pièces de XVIIIe chez des gens qui ne jurent que par le XXe. »

En replongeant aux sources des arts décoratifs du XXe siècle, le salon s’ouvre aussi à l’Art déco. La galerie Chastel-Maréchal (Paris) fait ainsi son entrée avec des pièces de Serge Roche, Jacques Quinet et Line Vautrin, tandis que la galerie Anne-Sophie Duval (Paris) jette un coup de projecteur sur des créateurs modernistes et parfois méconnus comme Djo Bourgeois ou Félix Aublet. Cet élargissement judicieux de la foire s’explique en partie par la défection de quelques marchands new-yorkais de design, comme Moss et Sebastian  Barquet. On s’étonne en revanche de l’absence de Philippe Denys (Bruxelles), qui participe pourtant depuis le lancement du salon. « Philippe est un grand marchand, mais cela coïncidait avec la fermeture de son précédent espace et, aujourd’hui, sa galerie ne fonctionne que sur rendez-vous. Il ne rentre plus dans les critères de la foire », avance Ambra Medda, directrice de Design Miami. Une explication qui ne convainc pas l’intéressé. « Cela me fait mal, car j’avais un stand prêt avec des œuvres achetées exprès, déplore-t-il. Cela ne peut être qu’un règlement de compte, car tout le monde savait que je me restructurais. Je ne comprends pas qu’ils n’aient pas fait preuve de flexibilité avec quelqu’un qui est là depuis longtemps. »