Si, en haut du classement, la consécration entraîne une forte stabilité des positions, ailleurs existent des évolutions notables qui ouvrent aussi, pour certains artistes, des perspectives d’avenir.
Outre les grands équilibres géopolitiques artistiques que permet de révéler un indicateur comme l’Artindex monde, un autre intérêt de cet instrument réside dans le classement hiérarchisé qui permet de suivre les évolutions individuelles d’une année sur l’autre. Ce qui frappe plus que tout, c’est la permanence du classement. Pourtant, en nous reportant ici pour le rang 2012 à celui que nous avions publié dans ces colonnes l’an dernier, la modification de méthodologie entre-temps aurait logiquement dû introduire nettement plus de changements. Non seulement la similitude est forte entre les deux palmarès produits en 2012 et 2013, mais les rangs occupés par les artistes sont souvent proches surtout dans le haut du classement, très stable. Entre 2012 et 2013, aucun artiste n’est déclassé ni ne fait d’irruption brutale parmi les dix premiers du palmarès. À ce niveau de notoriété ultime, il s’agit bien de consécration. Il faut descendre nettement plus bas dans le classement pour connaître des déplacements de grande ampleur et constater même des entrées et des sorties.
Seuls 9 nouveaux artistes figurent cette année dans le palmarès Artfacts.net des 100 premiers mondiaux. Le premier des nouveaux venus, l’Allemand Christian Jankowski, émerge en 72e position seulement. La présence de ces nouveaux entrants est très logiquement concentrée en fin de classement avec Harun Farocki (82e), Barbara Kruger (86e), Sherrie Levine (88e), Jonathan Meese (89e), John Bock (92e), Louise Lawler (93e), Günther Uecker (99e) et Alfredo Jaar (100e). Il ne s’agit donc pas que de jeunes artistes, loin de là. Certes, Jonathan Meese n’a que 43 ans, Christian Jankowski est de deux ans son aîné et John Bock a 48 ans, mais Barbara Kruger a 68 ans, Harun Farocki 69 ans, et Günther Uecker 83 ans. Vu leur âge avancé, certains ne pourront, quoi qu’il en soit, pas progresser beaucoup dans le palmarès au cours des prochaines années, car cela prend généralement du temps. L’analyse du classement Artindex monde illustre une caractéristique des palmarès fondés sur la réputation : non seulement les variations sont faibles d’une année à la suivante, mais les premières places apparaissent beaucoup plus stables que celles situées dans la partie basse.
Faible effet d’ascenseur en tête
Ainsi, les seuls artistes dont la position est stable entre 2012 et 2013 sont Bruce Nauman (1er) et Gerhard Richter (2e). Ceux qui évoluent d’un rang seulement sont Cindy Sherman (4e), Ed Ruscha (5e), Lawrence Weiner (6e), Thomas Ruff (7e), William Kentridge (8e) – c’est assez dire la très faible ampleur des variations parmi les 10 premiers ! Il s’agit là d’artistes hyperconsacrés, ce sont résolument les valeurs les plus sûres – Fischli & Weiss (11e), Richard Serra (20e), Mona Hatoum (24e), Arnulf Rainer (30e), Tony Cragg (50e), Thomas Hirschhorn (68e), Rirkrit Tiravanija (73e), Thomas Demand (80e), Kara Walker (84e) et Robert Morris (95e). La première très forte variation n’apparaît qu’en 18e position, avec Erwin Wurm qui gagne 19 places en un an. Âgé de 59 ans, il possède le potentiel pour progresser encore. Plus bas dans le classement, de très fortes variations apparaissent, comme avec Anri Sala (39 ans, en 35e position) qui gagne 41 places, Hans-Peter Feldmann (40e) qui en gagne 40 dans un sursaut tardif puisqu’il est âgé de 72 ans. Jonathan Monk (44 ans, 32e) et Martha Rosler (69 ans, 62e) progressent de 31 rangs chacun. Vu leur évolution sur l’année, le rang atteint et leur âge, ce sont Anri Sala et Jonathan Monk qui ont les meilleures perspectives de se hisser un jour au sommet du classement reflétant la consécration artistique. Mais attention, si ce n’est tout en haut de celui-ci, les brusques descentes existent aussi : ainsi, en une année seulement, Pierre Huyghe (51 ans, 77e) baisse de 26 places et Matthew Barney (46 ans, 97e) s’effondre de 28, et même le vétéran Ellsworth Kelly (90 ans, 66e) chute de 36 places. Bien que rares, les chutes peuvent être brutales.
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Les stars tiennent leur rang
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°391 du 10 mai 2013, avec le titre suivant : Les stars tiennent leur rang