Les pièces archéologiques étrusques, apuliennes et romaines font toujours l’objet de pillages. Deux saisies ont permis au ministère de la Culture de récupérer près d’un millier d’œuvres exhumées illicitement en Italie centrale dont certaines étaient passées clandestinement aux États-Unis. Estimé 1,8 million de dollars (13,8 millions de francs), le butin a été retrouvé grâce à plusieurs enquêtes menées depuis huit ans.
En octobre, la brigade italienne de protection des œuvres d’art a découvert quelque 700 objets dans les maisons d’une dizaine de particuliers vivant dans la région du Latium. L’enquête a commencé lorsque plusieurs pièces sans provenance sont parues dans diverses revues archéologiques italiennes. Ces particuliers, qui détenaient dans certains cas jusqu’à 150 objets, publiaient leurs objets “par simple curiosité ; ils espéraient parfois que cela augmenterait la valeur des pièces en leur possession”. Ils seront reconnus coupables de recel s’il est prouvé qu’ils ont acheté ces objets à des pilleurs de tombes et qu’ils servent d’intermédiaires dans un réseau de contrebande à plus grande échelle. L’autre partie des œuvres remises au ministère de la Culture a été saisie dans la résidence californienne de David Holland Swingler, importateur de denrées alimentaires, par les douanes américaines travaillant en collaboration avec la police italienne. L’enquête permet de comprendre à quel point il semble aisé de faire de la contrebande d’art : au cours de ses voyages en Italie, David Swingler entrait directement en contact avec des pilleurs de tombes en visitant les sites archéologiques. Les objets, dérobés sur les sites étrusques et apuliens étaient confiés à son associé italien, puis expédiés aux États-Unis, dissimulés dans des conteneurs. En 1996, un tribunal italien a condamné par contumace David Swingler à quatre ans et huit mois de prison et à payer une amende de 6 000 dollars (46 000 francs) ; jamais l’Italie n’avait réclamé une telle somme en réparation. Conformément à une loi votée en 1939 par le régime fasciste et toujours en vigueur, tout objet exhumé en Italie après 1901 devient automatiquement propriété de l’État. Cette réglementation archaïque transforme en criminels les fermiers et les propriétaires terriens qui conserveraient les objets qu’ils auraient découverts, même les plus insignifiants. En septembre 1999, l’Italie a adressé une requête aux États-Unis afin que le pays limite ses importations de pièces archéologiques, conformément à l’article 9 de la Convention de l’Unesco. Les objets concernés par cette requête sont nombreux, et comprennent notamment les objets en pierre, métal, céramique, os, verre et autres peintures murales, du Ve millénaire avant J.-C. au Ve siècle de notre ère.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les pillages se poursuivent
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°116 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Les pillages se poursuivent