Henri Loyrette tire sa révérence le 14 avril prochain. Le ministère de la Culture, qui a remis une liste de successeurs possibles à l’Élysée, a fait entendre sa volonté de réorienter la politique du Musée du Louvre en faveur des publics. L’Élysée toujours favorable à l’expansion internationale du musée recadre la Rue de Valois.
PARIS - Vingt-quatre heures ont suffi pour accroître la confusion sur la procédure de nomination du futur président-directeur général du Louvre, et réaffirmer la prééminence de la présidence de la République dans le choix de l’élu. La journée du vendredi 22 mars a été révélatrice à elle seule de l’autorité de l’Élysée sur le dossier, mais aussi de sa vision sur les actions menées jusqu’à présent et de celles à venir par le prochain dirigeant du Louvre. Points de vue qui adhèrent entièrement à la politique de celui qui l’a dirigé pendant douze ans contrairement au ministère de la Culture, son ministère de tutelle.
À la sortie de sa rencontre avec François Hollande, Henri Loyrette a d’ailleurs rappelé les missions du plus grand musée du monde, fort de la bonne santé de l’institution dont héritera son successeur. « Ce n’est pas uniquement un lieu de programmation d’événements, un lieu artistique. C’est aussi un établissement de recherche. Il a un rôle éducatif et social. Un rôle international bien entendu. Et c’est aussi un conservatoire des métiers. » Un énoncé où la question de la permanence du rôle international du Louvre glissé parmi les autres, et appuyée par un « bien entendu », renvoie aux vœux exprimés la veille par Aurélie Filippetti à l’Agence France Presse sur les orientations qu’elle désirerait voir prendre en particulier sur les actions du musée à l’étranger. En déclarant son souhait d’« un changement par rapport à une logique d’expansion du Louvre qui avait toute sa justification jusqu’à présent, mais qui aujourd’hui doit être réorientée pour permettre la meilleure satisfaction des visiteurs, pour leur donner envie de revenir », la ministre revenait sur un point qui les oppose. De même l’énoncé des qualités requises du prochain président-directeur général du Louvre, « quelqu’un qui développe une politique de démocratisation de l’accès à la culture, de l’accès aux œuvres », et non quelqu’un qui poursuive la politique de démocratisation de l’accès à la culture, pouvait s’entendre comme un autre désaveu par la ministre.
L’Élysée réaffirme son autorité
Le recadrage de l’Élysée le lendemain ne s’est pas fait attendre. « La logique d’expansion n’a jamais été antinomique avec la politique de démocratisation ni le niveau de satisfaction des visiteurs », rappelle-t-on à la présidence. D’autant que l’évolution exponentielle de la fréquentation du musée est due aussi bien à la croissance du nombre de visiteurs étrangers que nationaux, « un visiteur sur deux ayant moins de trente ans, un phénomène unique au monde », comme le rappelait Henri Loyrette dans un entretien accordé à L’œil (n° 652). Remise en question également par l’Élysée, du moins remise en jeu, la liste de la sélection des noms des successeurs d’Henri Loyrette transmise par Aurélie Filippetti à François Hollande, où Sylvie Ramond (directrice du Musée des beaux-arts de Lyon) et Jean-Luc Martinez (directeur du département des antiquités grecques, étrusques et romaines du Musée du Louvre) arrivaient en tête. Désormais on parle d’une troisième candidature ce qui laisse dans la course, des candidats comme Laurent Le Bon, directeur du Centre Pompidou Metz ou Michel Hilaire, directeur du Musée Fabre de Montpellier. « La décision reste ouverte », indiquait-on vendredi 21 mars à l’Élysée. « Les jeux ne sont pas faits. Le critère essentiel pour cette nomination est celui de la qualité scientifique et managériale de la personne qui sera choisie. On prendra le meilleur homme ou femme », précisait-on, manière là encore de couper court au dernier pronostic qui donnait Sylvie Ramond comme favorite de la rue de Valois. Quel que soit le nom du futur président du Louvre, ces derniers temps ont rappelé que le désir de la ministre de la Culture de reprendre la main sur le plus grand musée du monde et son patron plus puissant qu’un ministre, était loin d’être accepté par la présidence de la République. Élysée qui entend bien continuer à être l’interlocuteur privilégié et direct de celui ou celle qui œuvrera dans quelques jours au présent et au futur de l’hyper Louvre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’Élysée force le destin du Louvre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°388 du 29 mars 2013, avec le titre suivant : L’Élysée force le destin du Louvre