ALEP (SYRIE) - À l’ombre de la répression sanglante menée par le président Bachar Al-Assad, le patrimoine syrien est une victime collatérale des combats.
Dernière cible en date, la mosquée des Omeyyades dans la vieille ville d’Alep, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. La forteresse datant du VIIIe siècle a été le théâtre d’affrontements violents entre rebelles et forces régulières les 13 et 14 octobre. Soupçonnant l’armée d’utiliser l’édifice historique comme base militaire, les rebelles se sont infiltrés dans l’enceinte de la mosquée après avoir dynamité l’entrée sud. D’après un correspondant de l’AFP, les dégâts sont sérieux : outre les dégradations dues aux combats et l’incendie qui s’en est suivi, un vol de reliques et de livres est à déplorer. L’armée a fini par reprendre le contrôle des lieux et a expulsé les insurgés.
Malgré la mobilisation de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), rendre compte des dégâts et des dangers encourus par le patrimoine syrien en toute objectivité est une tâche ardue. Rares sont les journalistes tolérés sur le territoire, les agences humanitaires jouent la carte de la prudence tandis que le réseau entretenu par le Conseil international des musées (Icom) s’est délité à mesure que ses contacts ont pris la fuite. Selon le directeur général de l’Icom, Julien Anfruns, « la liste de suivi s’allonge : Alep, les « Villes mortes », Idlib et Bosra sont des champs de bataille. Les sites emblématiques de Palmyre, du Crac de chevaliers et de Bosra ont été directement visés ». Utilisée par Unosat – un programme de surveillance de la situation des réfugiés des pays membres des Nations unies –, l’observation par satellite pourrait être mise en place. « S’il y a des véhicules armés ou un rassemblement de troupes, une alerte est donnée, explique une porte-parole de l’Icom. Si un site a été endommagé, nous pourrions utiliser ces images pour attirer l’attention internationale. Nous ne pouvons nous fier aux rapports à cause de la propagande et de la contre-propagande. » En dépit de la présence des experts d’Unosat pour analyser les images, aucun gouvernement ne s’est avancé pour financer les 500 000 euros nécessaires à cette mission – qui équivalent pourtant au « prix d’une ou deux conférences diplomatiques », souligne Dinu Bumbaru, président du Conseil international des monuments et des sites (Icomos), qui partage les inquiétudes de Julien Anfruns.
Aux yeux de Lawrence Rothfield, cofondateur du Centre de politique culturelle à l’université de Chicago, une solution à moindre coût consisterait à donner au peuple syrien un moyen d’utiliser leurs téléphones portables pour charger des images encodées de renseignements géographiques : « L’important dans ce genre de conflit est d’agir en temps réel. En Irak, nous dépendions d’images satellites qui demandaient des mois et des années à être actualisées. »
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le patrimoine en ligne de mire
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°377 du 19 octobre 2012, avec le titre suivant : Le patrimoine en ligne de mire