“Repenser entièrement l’institution, aussi bien en ce qui concerne sa structure physique que ses orientations intellectuelles” : il y a deux ans et demi, Glenn Lowry, directeur du Musée d’art moderne de New York (MoMA) affichait son ambition. Si les grands travaux entrepris ne sont pas encore achevés, le musée propose d’ores et déjà une préfiguration de son nouvel accrochage, avec la volonté de présenter “une chronologie et non la chronologie”. Le programme “MoMA 2000” occupera les salles durant les seize prochains mois et découpera l’histoire de l’art moderne en trois tranches : “Modern Starts” (les débuts, 1880-1920), “Making Choices” (les choix, 1920-1960), de mars à septembre, et “Open Ends” (sans limites, 1960-2000), de septembre à février 2001.
Jusqu’alors attaché à une approche formaliste de l’art moderne, le musée déclinera ses collections à travers des classifications au goût du jour, comme “le langage du corps” ou “l’environnement urbain”. “Nous voulons présenter un accrochage qui suscite le questionnement, au lieu d’un programme définitif et figé”, déclare John Elderfield, commissaire de “Modern Starts”. Associé avec Peter Reed (architecture et design), Mary Chan (dessins) et Maria del Carmen Gonzalez (enseignement), le conservateur a choisi de diviser la première période en trois parties : “People” (la représentation humaine) jusqu’au 1er février, “Places” (les sites réels et imaginaires) et “Things” (les objets et leur représentation) jusqu’au 14 mars. “People” présente 320 œuvres réparties en huit sections, consacrées aux portraits des artistes ou encore aux personnages solitaires. Ainsi, une salle juxtapose les études de Rodin pour son monument à Balzac (1891-1897) et les différents portraits de Jeannette Vaderin par Matisse (1910-1916). En appoint, des œuvres plus tardives apportent un éclairage différent : une photographie de 1993 de Reneke Dijkstra, figurant un jeune Ukrainien sur un plage, est exposée comme le pendant du baigneur de Cézanne et de la photographie à partir de laquelle le peintre a travaillé. Les deux cycles suivants tenteront de finaliser cette étude grandeur nature d’un nouvel accrochage. Conservateur du canon moderniste dont il a codifié les principes, le MoMA va ainsi essayer de reprendre la main, distancié par la multinationale Guggenheim et la Tate Gallery, toujours plus influentes avec leurs bâtiments neufs et leurs grandes expositions.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le MoMA : refus du définitif
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°95 du 17 décembre 1999, avec le titre suivant : Le MoMA : refus du définitif