En 2010, le rendez-vous parisien fête ses trente ans d’existence et ses seize éditions sur le thème « Paris collectionne ». Musées, centres culturels et galeries ont puisé des œuvres dans le fonds de la Mep pour les faire dialoguer avec leurs collections.
La photographie est une invention des années 1980. Non pas l’outil photographique, « inventé », on le sait, au début du xixe siècle par quelques « artistes » ingénieux appelés Niépce, Daguerre, Talbot, Rejlander, etc., puis « offert au monde » par Arago au nom de la France et de sa grande mansuétude, mais l’intérêt que la société – du moins la France – porte à la photographie : sa reconnaissance institutionnelle et celle, qui va de pair, du public.
L’enquête consacrée aux menaces qui pèsent sur le patrimoine photographique en France, qui suit ces pages, rappelle en effet que les politiques de l’État et de la Ville de Paris se sont mises en place vers la fin des années 1970, au moment où naissaient deux grandes collections nationales : au musée d’Orsay et au Musée national d’art moderne. Dans ce terreau propice à l’éclosion de l’image fixe, la création du Mois de la photo en 1980, émanation de l’association municipale Paris audiovisuel et manifestation programmant tous les deux ans un grand nombre d’expositions dans des lieux publics et en galeries, allait permettre d’offrir un tremplin à une nouvelle génération d’auteurs. Le Mois de la photo débouche, en 1988, sur la création de la Maison européenne de la photographie (Mep) par la Ville de Paris, installée en 1996 dans un hôtel du Marais, laquelle allait donner naissance à une collection riche, aujourd’hui, de plus de 20 000 œuvres contemporaines. Trente ans et seize éditions plus tard, le succès du Mois de la photo ne s’est jamais démenti. Mieux, il a suscité des intérêts, affiné des goûts, éduqué des regards et, finalement, fédéré un public.
« Paris collectionne »
Le millésime anniversaire de 2010 se devait donc d’être encore plus fruité que les crus précédents. À n’en pas douter, il l’est ! Sous la thématique « Paris collectionne », la Mep a ouvert sa collection aux musées, centres culturels et galeries partenaires du Mois de la photo. Chacun est venu emprunter là un vintage, ici une série (Harry Callahan choisi par la fondation Henri Cartier-Bresson), ailleurs un ensemble complet (les quarante tirages de Mario Giacomelli choisis par l’Institut culturel italien).
Cela donne, cette année, un Mois de la photo sacrément diapré où se côtoient poids lourds (Kertész au Jeu de paume) et jeunes signatures (Mohamed Camara chez Pierre Brullé), artistes (Dieter Appelt chez Françoise Paviot) et reporters (Depardon à la BnF). Mais aussi une édition qui ne craint pas de mettre en lumière d’autres formes de photographies, moins marchandes, à travers la valorisation de fonds d’archives comme celui du musée national de la Marine ou celui de l’École française d’Extrême-Orient (musée Cernuschi)… Voire de confronter le tirage original (et sacré !) à sa reproduction dans les livres (Steidl à la Monnaie de Paris). Bref, une édition qui s’annonce salutaire pour la photographie. Pour toutes les photographies.
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Le mois de la photo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°629 du 1 novembre 2010, avec le titre suivant : Le mois de la photo