Des pièces majeures de la collection du musée seraient prêtées à Atlanta et à Lens.
Paris - Resté silencieux pendant quelques jours, le Musée du Louvre, à Paris, a été contraint de réagir après la publication par le site Internet La Tribune de l’Art, le 20 janvier, d’une liste d’œuvres que le musée devrait prêter au High Museum d’Atlanta, en Géorgie, dans le cadre d’un partenariat de trois ans (lire le JdA no 203, 19 novembre 2004). Relatant des informations parues dans un quotidien américain local, The Atlanta Journal Constitution, après la tenue d’une conférence de presse à Manhattan de la direction du Musée du Louvre, l’annonce du site Internet a provoqué l’émoi du milieu de l’art, en dévoilant le nom de quelques peintures insignes, telles le Baldassare Castiglione de Raphaël et Les Bergers d’Arcadie de Poussin, deux œuvres qui sont pourtant très rarement consenties en prêt par le Musée du Louvre.
Pour Vincent Pomarède, conservateur en chef du département des Peintures de l’établissement, il n’y a pourtant là rien d’anormal : « Nous avons réalisé des constats d’état précis, et nous n’avons retenu que des œuvres susceptibles de pouvoir voyager. C’est la raison pour laquelle le Baldassare Castiglione ne sera prêté que pour une durée de trois mois, alors que d’autres œuvres le seront pour cinq mois. » Le conservateur refuse également le terme de location de tableaux, le quotidien américain ayant pour sa part avancé la somme de 13 millions de dollars, soit 10,6 millions d’euros. « Cela s’inscrit dans un partenariat beaucoup plus large, qui comprend aussi des échanges scientifiques et pédagogiques, précise Vincent Pomarède. Certes, le Louvre a aujourd’hui besoin de financements, mais il est plus intelligent de le mener de la sorte que de pratiquer une simple location des tableaux. » Reste à savoir, toutefois, pourquoi seul le High Museum d’Atlanta diffuse à ce jour une liste des prêts, parmi lesquels figurent aussi des peintures de Guido Reni, Murillo, Vélasquez, Boucher ou Fragonard, ainsi que de nombreux dessins (notamment un feuillet de Dürer), mais aussi des sculptures et des objets d’art.
Une même interrogation demeure autour d’une seconde révélation de La Tribune de l’Art : le dépôt envisagé pour le Louvre-Lens de La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne de Léonard de Vinci. « Le nom a été évoqué comme trente ou quarante autres possibilités, mais aucune décision n’a été prise pour le moment », nous a rétorqué Vincent Pomarède, sans taire totalement les inquiétudes sur le déplacement d’un tableau qui n’a pas bougé des cimaises de la Grande Galerie depuis des décennies. Pourtant, en 1963, la Joconde avait traversé l’Atlantique par la seule volonté d’André Malraux et du général de Gaulle… contre l’avis des conservateurs du Louvre !
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Le Louvre exporte ses chefs-d’œuvre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°230 du 3 février 2006, avec le titre suivant : Le Louvre exporte ses chefs-d’œuvre