Avec une soixantaine d’artistes peintres, « La Force de l’art » tord le cou à une idée toute faite qui prétendait que la peinture était en perdition. À croire même qu’elle ne s’est jamais si bien portée. De Vasarely, Soulages et Buffet, à Damien Cabanes ou Ronan Barrot, parmi les plus jeunes.
L’information est importante : la peinture et le dessin se portent bien, merci ! Certes, d’aucuns n’en doutaient pas mais cela va toujours mieux en le montrant. Qu’il se trouve un commissaire parmi les quinze à faire le choix exclusif de ne présenter que des peintres constitue en soi une attitude manifeste. Que peinture et dessin n’aient pu échapper complètement aux autres commissaires est tout autant révélateur d’un regain du regard en direction de ces moyens d’expression.
Comment cela pourrait-il aller autrement alors même que la peinture est proprement consubstantielle à notre histoire ? En serait-il autrement alors même que la peinture ne cesse de porter les autres scènes à l’étranger ? « La Force de l’art » réussirait donc à faire admettre enfin une évidence : la peinture est résistance et elle tire bien plus bénéfice de l’avènement de nouvelles formes d’expression qu’elle ne perd son âme. Pour preuve, la richesse et la diversité des propositions picturales dont fait état l’exposition.
La peinture est ouverte à toutes les aventures
Conceptuelle et méthodique, la peinture l’est avec les noirs de Soulages, les empreintes de pinceau de Toroni, les monochromes de Walravens et les motifs répétés de Nicolas Chardon. Expérimentale et à la recherche de sa propre identité, elle l’est avec cette quête de l’infini dont les peintures d’Opalka sont le vecteur, avec la question du modèle telle que la pose Bernard Piffaretti. Tandis que les aplats colorés de Christophe Cuzin renvoient la peinture à l’ordre d’une pensée architecturée et que les figures silhouettées sur fond monochrome de Djamel Tatah à celui d’une savante scénographie, la profusion figurée d’Erro la rappelle à l’ordre d’une narration critique.
Qu’il se soit trouvé un commissaire pour jouer de binômes entre des artistes aussi différents que Damien Cabanes et Judith Reigl – une même présence du corps – ou bien encore qu’Olivier Mosset et Gérard Deschamps – la radicalité contre l’exubérance – est la preuve de la bonne santé de la peinture. La preuve surtout qu’elle est ouverte à toutes les aventures. Comme en témoigne enfin la gigantesque hutte que Gérard Garouste avait présentée en 2002 à la fondation Cartier et qui trouve au Grand Palais toute sa mesure. Conçue pour opposer le « Classique à l’Indien », elle montre comment le peintre réussit à conjuguer tradition et modernité, la force de l’icône et le bon sens du spectaculaire.
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La peinture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : La peinture