Désormais rejoints par les personnels du Museum national d’histoire naturelle, les grévistes du Musée de l’Homme apparaissent de plus en plus déterminés dans leur opposition au déménagement de leurs collections ethnologiques pour le Musée du quai Branly (lire le JdA n° 138, 7 décembre 2001). Par ailleurs, une délégation a été reçue à l’Élysée.
PARIS - Après un mois de grève, la situation au Musée de l’Homme est loin de s’apaiser. Et le conflit s’étend, puisque les personnels du Museum national d’histoire naturelle (MNHM), dont l’institution de Chaillot dépend, ont décidé de se joindre à leurs collègues pour protester contre son démantèlement programmé. À leur tour, ils se sont donc mis en grève, réaffirmant ainsi leur attachement à l’intégrité des collections, qui font la spécificité du travail de recherche accompli au sein des différents laboratoires du Museum. Eux-mêmes pourraient d’ailleurs trouver des motifs d’insatisfaction dans la gestion de leurs collections. Par exemple, celles de minéralogie ont été ôtées des vitrines de la galerie du jardin des Plantes pour l’exposition “Diamants”, mais n’ont pas été remises en place à l’issue de cette manifestation, et sont désormais invisibles pour le public.
Mais là n’est pas l’essentiel. Depuis le 19 novembre, les personnels du Musée de l’Homme s’opposent au déménagement de 300 000 objets ethnographiques non européens, qui doivent être dirigés vers un local provisoire dans le XIIIe arrondissement, pour être traités, photographiés, puis mis en caisses dans les réserves de la Bibliothèque nationale, avant de rejoindre le Musée du quai Branly. À nouveau, le 17 décembre, ces personnels entendaient faire barrage aux déménageurs dont le retour était annoncé. Ils réclament le gel de ces opérations de déménagement, en attendant que la direction à venir et le futur conseil scientifique du Museum soient mis en place dans le cadre du nouveau statut, qui devrait intervenir au début 2002.
Les rencontres avec les conseillers des ministères de l’Éducation nationale, de la Recherche et de l’Environnement ont été sans équivoque : le Musée de l’Homme doit se séparer de ses collections ethnologiques, de sa bibliothèque et de sa photothèque, et, pendant les deux ans à venir, devra se contenter d’organiser des expositions temporaires. “Il est donc désormais évident que c’est moins la construction du Musée du quai Branly que la destruction du Musée de l’Homme que le gouvernement a décidé”, constate le comité de grève dans un communiqué.
Décidée par le président de la République, la création de cette nouvelle institution ne s’est accompagnée d’aucune réflexion sur la possible complémentarité avec les musées existants. Pire, tout débat sérieux et responsable a été systématiquement refusé. Même après le changement de majorité, le gouvernement est resté sourd aux inquiétudes légitimes des personnels, préférant éviter d’en faire un sujet d’affrontements avec le président. Le 14 décembre, une délégation a été reçue à l’Élysée par un conseiller de Jacques Chirac. Celui-ci a promis d’interpeller Jack Lang, ministre de l’Éducation nationale, en Conseil des ministres sur la façon dont sont menées les négociations avec les grévistes. C’est un comble quand on sait que le président reste le premier responsable de cette situation.
Il faut briser le mur du silence, estiment les grévistes. L’écho grandissant que rencontre leur mouvement de grève devrait imposer un débat sérieux.
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La grève s’étend
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°139 du 21 décembre 2001, avec le titre suivant : La grève s’étend