Quelques jours après le vernissage de la « Fiac 2000 », le pari semblait gagné pour la foire d’art contemporain de Paris. Débarrassée de bon nombre d’œuvres mineures, la manifestation a indéniablement gagné en qualité avec sa formule réservée aux expositions personnelles. « Art Paris », la foire du Carrousel du Louvre, a elle aussi progressé, même si son niveau général reste décevant.
PARIS - Comment rendre aux artistes les grandes foires internationales d’art contemporain ? En juin dernier, “Art Basel” avait proposé une véritable exposition de vidéos et installations dans le nouveau secteur “Art Unlimited”. La “Fiac 2000” a, quant à elle, tenté de mettre en avant la démarche de chacun des créateurs en imposant aux galeries de consacrer l’intégralité de leur stand à un seul et même artiste. À déambuler dans les allées de la manifestation, la foire semble, de prime abord, avoir gagné en qualité ce qu’elle a perdu en singularité. Les stands sont en effet plus clairs, les démarches des artistes plus faciles à lire pour les novices. Le fossé entre les très bons artistes et les autres n’en est que plus visible. Avec des stands ne proposant que le travail d’un seul artiste, certains collectionneurs ont regretté de ne plus pouvoir chiner, de ne plus pouvoir partir à la découverte de l’œuvre rare sur des cimaises généreusement garnies de pièces éclectiques. La galerie 1900-2000, qui “charge” habituellement ainsi son stand, reste dans la même logique en offrant son espace au débordant Ben. De son côté, Chantal Crousel semblait avoir dérogé à la règle avec un accrochage d’œuvres de différents artistes. Toutes ces pièces sont cependant issues d’une seule collection, celle des opérateurs d’art Yoon-Ja et Paul Devautour. D’autres, comme Pierre Huber, de Genève, ont proposé à leur artiste de réaliser un projet spécifique pour la manifestation, en l’occurrence à Wang Du, la star chinoise montante. Une attitude, comme le souligne le galeriste, qui implique “de travailler en direct avec les artistes”.
Ce principe de l’exposition personnelle est en effet un peu plus problématique pour les galeries du second marché ou pour les marchands qui travaillent avec des artistes aujourd’hui disparus. Il est en effet bien difficile pour ces professionnels de réunir des ensembles significatifs d’un même artiste. Le prix de ces œuvres ne laisse d’ailleurs que peu d’espoir de voir, dans une telle configuration de la foire, des stands de Mark Rothko ou même de Pablo Picasso, l’investissement nécessaire étant bien trop important. L’option choisie privilégie incontestablement les galeries travaillant avec des artistes vivants. Si cette formule du one-man-show devait être réitérée, comme certains indices le laissaient aujourd’hui supposer, au moment du bouclage du JdA, la Fiac pourrait alors davantage s’orienter vers la création contemporaine, une faiblesse maintes fois soulignée de la manifestation.
Dans ce secteur justement, les indices laissaient présager, les premiers jours, d’excellentes ventes, confirmant la santé du marché, même en France. Jérôme de Noirmont déclarait avoir vendu, le jour du vernissage, une dizaine de photographies inédites de Pierre et Gilles. D’autres se félicitaient d’avoir cédé l’ensemble de leur stand, une partie des pièces étant même souvent réservée avant le vernissage. Le principe du one-man-show permet en effet aux collectionneurs de connaître, préalablement même à l’ouverture de la manifestation, l’identité des artistes exposés. Pour Agnès Fierobe, directrice de la galerie Marian Goodman à Paris, qui exposait Daniel Buren, “les visiteurs sont moins saturés et se souviennent davantage des œuvres”. De plus, même si certains rappellent que la Fiac est avant tout une foire commerciale, la manifestation a parfois pris un petit air de biennale.
Ce n’est certes pas l’impression laissée par la seconde foire, “Art Paris”, qui s’est tenue au Carrousel du Louvre quelques jours avant la Fiac. Même si elle a fait d’indéniables progrès depuis sa première édition l’année dernière, et s’il était possible de faire de belles découvertes, le niveau y est resté dans l’ensemble décevant. Sur son stand, où étaient présentées des pièces de Michel Frère, Djamel Tatah et William Wegman, Michel Durand-Dessert se montrait satisfait : “Mes collectionneurs sont venus et j’ai vendu autant que l’année dernière à la Fiac”, se félicitait le galeriste qui boycottait cette dernière pour cause d’expositions personnelles. Il déclarait même avoir vendu un grand Garouste à un collectionneur qu’il ne connaissait pas. Malgré tout, peu d’étrangers étaient à compter parmi les 27 000 visiteurs d’“Art Paris”. Attraction de la foire, le nouveau Prix Nobel de littérature, Gao Xingjian, proposait ses œuvres sur le stand de la galerie La Tour des Cardinaux, de l’Isle-sur-la-Sorgue. Une curiosité de plus dans cette petite sœur qui cherche encore sa vitesse de croisière.
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La Fiac 2000 se la joue « perso »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°114 du 3 novembre 2000, avec le titre suivant : La Fiac 2000 se la joue « perso »