D’une culture universelle et d’une curiosité insatiable, le collectionneur s’est éteint à Genève le 22 décembre.
GENÈVE - Fils unique d’un couple désuni de musiciens, le jeune Jean-Paul Barbier trouvait refuge dans les livres. Très tôt, aux silex de son enfance ont succédé dans sa collection des tanagras ou des lampes étrusques. Avocat de formation, il devint financier, avant que sa vie ne bascule grâce à la rencontre de sa future épouse Monique et de son père Joseph Mueller (1887-1977), dont il reprit le patronyme, mais qui, contrairement à lui, cultivait le secret et se gardait bien de ne prêter aucune œuvre parmi le millier de peintures et les 2 500 œuvres d’art africain ou océanien recensées à son décès. Les Barbier-Mueller, eux, en revanche, ont tout fait pour divulguer leur collection : ils ouvrent en 1977 un musée à Genève dont Jean-Paul préparait le 40e anniversaire (qui donnera lieu à un hommage en septembre à Paris lors de la Biennale des antiquaires), éditent une centaine d’ouvrages, prêtent les œuvres de New York à Toulouse ou cédent 1 200 objets originaires d’Indonésie et du Nigéria qui se trouvent aujourd’hui au Quai Branly.
Déjà affaibli, Jean-Paul Barbier-Mueller a été meurtri par l’échec de la vente à Barcelone de sa collection précolombienne destinée à un musée. Le couple voyageur, portant un intérêt particulier aux régions isolées et aux ethnies menacées, a aussi soutenu des recherches ethnologiques, des fondations ou le Musée de la Réforme. Bibliophile, Jean-Paul Barbier-Mueller avait également une passion pour la littérature de la Renaissance italienne, les poètes de la Pléiade et de la Réforme. Cet amoureux des mots s’indignait par exemple de la sottise de l’expression des « arts premiers ». Farouchement hostile à la restitution des sculptures aux pays d’origine, qui lui semblait le plus sûr moyen de les voir disparaître, il fit les frais de cette prise de position. La dispersion à Paris en 2012 de sa collection précolombienne a été minée par une campagne très injuste initiée par le Mexique et le Pérou aux États-Unis, alors même que toutes les précautions avaient été prises par Sotheby’s pour s’assurer de l’ancienneté des provenances.
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Jean-Paul Barbier-Mueller
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°470 du 6 janvier 2017, avec le titre suivant : Jean-Paul Barbier-Mueller