Fondation

Jean Claude Gandur choisit Caen pour sa fondation

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2024 - 622 mots

CAEN

L’homme d’affaires a préféré la ville normande à Bordeaux.

Caen. Caen ou Bordeaux ? Les arguments fonciers et touristiques ont fait pencher la balance du côté de la ville normande. Après un premier écrémage des sept candidatures, puis un second laissant Strasbourg à quai, la compétition pour accueillir le futur Musée de la fondation Gandur s’était resserrée sur ces deux villes en mars dernier. Une parcelle en bord de la Garonne, dans un quartier de la Bastide en pleine métamorphose, ou un terrain adjacent au très touristique Mémorial de Caen : c’est finalement la proposition normande qui a été retenue par le collectionneur et magnat du pétrole suisse Jean Claude Gandur, le 24 mai dernier. Le mécène septuagénaire compte installer rapidement sa vaste collection, évoquant un investissement dépassant les 30 millions d’euros initialement provisionnés, et une ouverture en 2030.

Jean Claude Gandur a finalement retenu deux villes avec lesquelles sa fondation a déjà entretenu des liens. L’homme d’affaires avait conclu un accord triennal avec la ville de Bordeaux en 2019, aboutissant à d’importants prêts lors d’exposition à la Cité du Vin, au Musée d’Aquitaine, et surtout au CAPC où il avait présenté ses récentes acquisitions dans le domaine de la figuration narrative des années 1970. En Normandie, sa fondation a noué des partenariats avec les institutions caennaises, dont son futur voisin, le Mémorial, qui a également accueilli les œuvres du second XXe siècle de la collection lors de deux expositions, en 2020 et 2023. Le pan archéologique de la collection Gandur sera exposé en 2025, lors d’une exposition sur l’histoire romaine de la région au Musée de Normandie.

Un choix mûrement réfléchi

« Le choix de Caen, mûrement réfléchi, doit beaucoup aux liens que la ville et la Fondation Gandur pour l’Art entretiennent déjà depuis de nombreuses années », indique ainsi le communiqué conjoint de la ville et de la Fondation. Le terrain proposé par la mairie de Caen, 50 000 mètres carrés que la municipalité cédera pour un euro symbolique, a également pesé dans la décision. Entre le Mémorial de Caen et le vaste parc de la Colline aux oiseaux, le site correspond aux ambitions du collectionneur : un musée inséré dans un jardin, en lien avec la nature.

Il offre surtout davantage de certitude que le terrain proposé par Bordeaux, en bord de la Garonne, donc soumis aux risques d’inondations, et en covisibilité avec plusieurs édifices inscrits et classés. La vaste parcelle au nord-ouest de Caen ne présente elle aucun obstacle patrimonial, et permet de développer l’important programme en sous-sol qu’imagine Jean Claude Gandur. « Ce terrain va permettre de s’éclater », jubile-t-il dans les colonnes de Ouest France : l’homme d’affaires a visiblement préféré la liberté offerte par ce lieu caennais à un emplacement près du cœur de ville bordelais, mais contraignant.

Pour drainer le public jusqu’à cette zone excentrée et mal desservie par les transports en commun, Jean Claude Gandur compte sur l’attractivité touristique du Mémorial voisin, dont la fréquentation annuelle dépasse les 400 000 visiteurs : un pari, puisque le public du tourisme mémoriel normand n’est pas exactement celui des musées d’art.

Le collectionneur va maintenant lancer un concours architectural, et donne dans un entretien au Monde quelques pistes sur le futur programme : une majorité d’expositions itinérantes pour ses 3 800 œuvres, un grand atrium, 3 500 mètres carrés morcelés en plusieurs modules. Un dernier obstacle à lever pourrait être celui d’une mobilisation citoyenne contre le projet de cet amoureux des arts qui a fait fortune grâce aux secteurs des énergies fossiles, aujourd’hui dénoncé jusque dans les musées. « Ce projet, c’est le rêve et l’œuvre d’une vie […]. Je pense que les visiteurs le comprendront et c’est la seule chose qui importe », balaye-t-il en réponse à nos confrères du Monde.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : Jean Claude Gandur choisit Caen pour sa fondation

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