Comment la Brafa se démarque-t-elle des autres foires ?
Chaque foire a ses qualités et sa clientèle. Concernant la Brafa, nous ne souhaitons pas créer de catégories ni de zones car nous aimons confronter les styles, les époques… Nous sommes extrêmement attentifs à assurer la diversité qui la caractérise tant. Éclectique par essence, elle a cependant des points forts, comme les arts premiers, avec l’une des meilleures sections au monde. Nous avons aussi une belle section d’archéologie. Il y a des spécialités pour lesquelles je cherche encore un bon marchand comme en photographie du XXe siècle. Je suis ouvert à toute galerie qui présente une marchandise de qualité, d’un niveau international et qui cadre avec l’esprit de la foire.
Nous misons aussi beaucoup sur notre convivialité, une des qualités inhérentes à notre pays. Et puis nous souhaitons rester simples et expliquer nos objets aux amateurs : les clients ne doivent jamais hésiter à poser des questions car les marchands aiment faire partager leur passion.
La Brafa en janvier : force ou faiblesse ?
Elle a l’avantage d’ouvrir la saison. Elle est un peu le baromètre du marché, avec Tefaf [la Foire de Maastricht] programmée ensuite en mars, qui confirme ou infirme cette première impression. Mais il est vrai que déplacer du monde de très loin en janvier à Bruxelles est moins glamour qu’à Miami quand il y fait 25°! L’idée première est de déplacer les amateurs, qui, eux, savent que c’est la marchandise qui prime avant tout.
Proposez-vous des nouveautés pour l’édition 2015 ?
Chaque année, nous essayons d’améliorer le concept. Dix mille détails peuvent venir gripper la machine, comme un problème de circulation dans Bruxelles. Cependant, je ne peux pas citer un point pour lequel nous estimons ne pas être à la hauteur. Le meilleur indice est qu’en trois ans, depuis que je suis aux commandes, nous sommes passés de 38 000 à 55 000 visiteurs.
Mais ce qui me réjouit le plus, et cela s’est produit l’an passé, c’est lorsque tous les marchands me disent que c’est la foire qu’ils préfèrent faire dans le circuit, et qu’en plus ils ont bien vendu.
Comment s’effectuent la sélection des exposants et l’attribution des stands ?
L’attribution des stands se fait en fonction des disponibilités. J’ai une règle qui tient la route même si elle n’est pas infaillible : les exposants fidèles à la foire et dont l’emplacement leur convient, en principe, peuvent le garder. Normalement je ne change pas. Je ne veux pas m’amuser à faire un mouvement annuel, qui donnerait lieu à toutes sortes de spéculations ridicules.
Pour la sélection, le critère de base est le niveau qualitatif. À partir du moment où il est atteint, j’essaie de doser par secteur d’activité et zone géographique. Le critère ultime ? ce que l’exposant apporte de plus à la foire.
Quel est le portefeuille moyen d’un acheteur à la Brafa ?
Je n’en ai pas la moindre idée. En ce qui me concerne, j’expose des objets allant de 1 000 euros à 1 million d’euros. La réputation de la Brafa est un rapport qualité-prix excellent. Il n’y a pas de moyenne. Les marchands vendent à tous les niveaux de prix.
Comment se porte le marché de l’art en Belgique ?
Les clients continuent à acheter. Je n’ai absolument pas l’impression d’une frilosité quelconque dans le marché. Il reste actif. J’ai plutôt l’intuition qu’une partie de la réponse se trouve dans le fait qu’au moment où certains capitaux n’obtiennent pas de bons rendements, il est intéressant d’acheter des œuvres d’art.
Comment attirer les marchands anglais et américains ?
La question de la venue des Américains n’est pas réellement dans ma stratégie actuelle même s’ils sont les bienvenus. L’idée est toujours la même : qu’est-ce qui va servir la foire ? J’estime qu’un marchand français a la capacité de faire venir ses clients français relativement facilement. Nous travaillons d’abord de façon périphérique en essayant d’accentuer notre emprise sur les pays limitrophes : Allemagne, Hollande (nous avons deux Hollandais en plus cette année, et qui font Tefaf), Angleterre, Luxembourg, Suisse ; puis de façon concentrique, en balayant de plus en plus large. Mais ça ne sert à rien de balayer trop large pour faire venir une poignée de clients alors que nous avons un réservoir très important en Europe. Nous ne courons absolument pas après le mythe du client chinois ou du milliardaire du Moyen-Orient.
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Harold t’Kint de Roodenbeke : « La Brafa doit continuer à prôner la diversité »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°427 du 16 janvier 2015, avec le titre suivant : Harold t’Kint de Roodenbeke : « La Brafa doit continuer à prôner la diversité »