Le ministre de la Culture a annoncé un train de mesures en faveur de l’art contemporain, tout en gardant le flou sur certains sujets sensibles.
PARIS - Comme nous l’avions déjà annoncé (lire le JdA no 245, 20 octobre), le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a dévoilé le 23 octobre un plan d’action et de développement en faveur de l’art contemporain. Histoire pour lui de poser ses jalons avant les élections présidentielles, dans l’espoir avoué de retrouver son portefeuille après celles-ci.
En premier lieu, l’État s’engage dans la création de nouveaux lieux, comme le futur centre de création contemporaine sur la pointe de l’île Seguin (Boulogne-Billancourt), là où devait originellement s’arrimer le musée du collectionneur François Pinault. Ce site a pour vocation de soutenir et favoriser la production artistique et offrir aux visiteurs les moyens de comprendre l’art. D’une superficie de 25 000 m2, il devrait se répartir entre un « bâtiment outil », capable d’accueillir des artistes en résidence et de produire des œuvres, des espaces d’exposition et un jardin expérimental de 13 000 m2. La participation de l’État dans ce nouveau projet s’élève à 50 millions d’euros sur un budget de 100 millions. Une association de préfiguration a été lancée sous la direction de Daniel Janicot, président du Magasin de Grenoble et administrateur de la maison de ventes Artcurial. Homme à multiples facettes, Daniel Janicot a aussi récemment conseillé la société Aforge Finance dans le lancement d’un fonds d’investissement en œuvres d’art… La teneur du projet sur l’île Seguin reste encore floue, d’autant plus que ce centre, a priori dévolu à l’étude et à la production, devrait aussi se muer en lieu d’agrément.
L’État investit en régions
Autre endroit, autre esprit, celui de la Galerie des Gobelins devrait favoriser un dialogue entre les arts plastiques et les métiers d’art. Située à Paris dans l’enceinte de la manufacture nationale, la Galerie devrait ouvrir après restauration en avril 2007 avec l’exposition « 1607-2007 : quatre siècles de création ».
Le ministère compte aussi accompagner les chantiers de construction en régions, notamment celui du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) Centre, installé sur le site des Subsistances militaires à Orléans. L’État intervient à hauteur de 3,2 millions d’euros sur un budget total de travaux de 8,9 millions. Le ministre a d’ailleurs affirmé maintenir les crédits alloués aux FRAC pour leur fonctionnement ainsi que leurs acquisitions. L’État accompagne aussi la création à Cherbourg d’un centre d’art contemporain dédié à la photographie, baptisé Point du Jour, et celle à Dijon d’un pôle réunissant sur un même site le FRAC Bourgogne, l’école nationale supérieure d’art de Dijon et la future médiathèque de la ville. Le bréviaire se poursuit avec le transfert de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Nancy sur un campus qui accueillera également une école d’ingénieurs et une école de commerce, regroupées dans le projet pluridisciplinaire Artem. L’État intervient dans la relocalisation de l’école d’art à hauteur de 11 millions d’euros, soit 50 % du coût des travaux. L’ensemble des projets en régions conduira d’ailleurs l’État à dégager quelque 34,4 millions d’euros.
Priorité à l’art contemporain
Le ministre a aussi confirmé les expositions d’art contemporain prévues dans la grande nef du Grand Palais. « La force de l’art », qui a ouvert la voie à une triennale, sera suivie en 2009 d’une nouvelle édition. Celle-ci sera conjoitement menée par Jean-Louis Froment, ancien directeur du capcMusée d’art contemporain de Bordeaux, Marie-Claude Beaud, directrice du Musée d’art moderne Grand-Duc Jean à Luxembourg, Didier Ottinger, conservateur au Musée national d’art moderne (MNAM) à Paris, et Jean-Yves Jouannais, commissaire indépendant. La nef accueillera aussi une exposition d’Anselm Kiefer en mai-juin 2007, sous le commissariat de l’éditeur José Alvarez, puis une autre de Richard Serra au printemps 2008 sous la houlette d’Alfred Pacquement, directeur du MNAM à Paris, celle de Christian Boltanski étant programmée pour l’hiver 2009.
Autre chapitre évoqué, celui du transfert de propriété des œuvres du Fonds national d’art contemporain (FNAC) vers les collectivités territoriales qui le souhaiteront. De même, l’État fera un reversement vers les institutions patrimoniales qui le demanderont des œuvres créées avant 1960. L’État propose enfin le transfert de propriété d’ensembles d’œuvres contemporaines « de premier plan » à douze musées de France.
Le ministre a aussi insisté sur la relance du « 1 % artistique » dans les constructions publiques et annoncé le lancement annuel de quarante-cinq commandes publiques pour un montant moyen de 4 millions d’euros. Dans la liste des commandes à venir, on remarque les vitraux de Jean-Pierre Bertrand pour le Panthéon en 2007 ou ceux de Gerhard Richter pour la cathédrale de Reims en 2008. Un plan pour l’éducation artistique et culturelle semble enfin mené de concert avec le ministère de l’Éducation nationale.
Plusieurs questions restent toutefois en suspens. Alors même que le ministère compte débourser 50 millions d’euros dans un nouveau projet sur l’île Seguin, il reste très flou sur l’avenir du Palais de Tokyo et l’aménagement des espaces inexploités. Malgré l’annonce d’expositions, la suite des travaux au sein de la nef du Grand Palais n’a pas non plus été évoquée. Si les mesures fiscales promises l’an dernier par le Premier ministre ont été entérinées, celle concernant le crédit d’impôt pour les galeries et les maisons de ventes s’achoppe à des querelles corporatistes. Exception faite des possibilités de dations d’œuvres d’art contemporain, souplesse qui s’adresse surtout aux grands collectionneurs, les particuliers restent enfin les grands absents des avantages fiscaux ratifiés par Bercy.
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Feu de tout bois
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°246 du 3 novembre 2006, avec le titre suivant : Feu de tout bois