Alors que le R4 était menacé par les démêlés judiciaires d’Yves Bouvier, le groupe Emerige a racheté la SCI en charge de la pointe amont de l’île.
BOULOGNE-BILLANCOURT - C’est un épisode de plus dans l’aménagement tumultueux de l’Île Seguin à Boulogne-Billancourt. Le groupe Emerige et son partenaire financier AOG viennent de racheter l’intégralité des parts de la société civile immobilière (SCI) R4, qui coordonne le projet immobilier, culturel et artistique de la pointe amont de l’île. La SCI était la propriété d’EuroAsia, holding dirigée par Yves Bouvier. L’annonce a été faite jeudi 8 septembre par Laurent Dumas, président-fondateur du groupe Emerige, et Nelly Wenger, présidente de Nelly Wenger Associates, entreprise indépendante en charge du projet R4, dont Yves Bouvier était le client.
Depuis quelques mois, Nelly Wenger était en négociation avec plusieurs repreneurs potentiels. En effet, les ennuis judiciaires d’Yves Bouvier menaçaient les investissements d’un centaine de millions d’euros du président de Natural Le Coultre dans sa « microville artistique ».
Une vocation culturelle obligatoire
Emerige et AOG vont-ils poursuivre le projet tel qu’imaginé par Jean Nouvel et la SCI R4 ? Yves Bouvier avait déjà dépensé près de 15 millions d’euros sur la définition du projet, trois ans après le permis de construire validé en août 2013. Aujourd’hui, le devenir de la salle des ventes, des galeries d’art, de l’espace d’exposition, des lieux de stockage et des bureaux s’écrit au conditionnel. Acheteur et vendeur ont néanmoins garanti « la pérennité de la vocation culturelle du projet », sans pour autant dévoiler les montants de la transaction ni des futurs investissements. « Nous y travaillons », explique-t-on sobrement. Le permis de construire initial impose par ailleurs une vocation culturelle et ouverte au public pour les vingt premières années d’exploitation du lieu. Joint par le Journal des Arts, le groupe Emerige a tenu à préciser que le projet porterait « une dimension culturelle forte », dans la logique de la politique de mécénat du groupe, « qui vise à rapprocher davantage la culture et les arts de tous les publics ».
Derrière les formules ciselées, le métier du repreneur augure d’un changement de cap pour le R4. Si l’idée d’implanter sur l’Île Seguin un port franc et des espaces de stockage était en cohérence avec le métier de Natural Le Coultre, Laurent Dumas axe son positionnement sur le soutien à la création et l’ouverture de lieux publics (Villa Emerige, etc.). L’hiver dernier, Laurent Dumas avait présenté dans le cadre du concours « Réinventer Paris », un projet de fondation pluridisciplinaire conçu avec Dominique Perrault (non retenu) près de la porte de Clichy. On y trouvera peut-être quelques ingrédients qui composeront le nouveau projet boulonnais.
Jean Nouvel, coordinateur de la réhabilitation globale de l’Île Seguin, retrouve ici l’homme d’affaires et collectionneur Jean Claude Gandur, président d’AOG. L’architecte et le richissime mécène venu du pétrole ont essuyé ensemble l’échec de l’extension du Musée d’art et d’histoire de Genève. Le partenariat Emerige-AOG intervient à un moment clé de l’histoire du lieu : 24 ans après la fermeture des usines Renault, onze ans après le retrait de François Pinault, la Cité départementale de la musique sera inaugurée en grande pompe mercredi prochain, sur la pointe aval.
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Emerige entre dans l’arène
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°463 du 16 septembre 2016, avec le titre suivant : Emerige entre dans l’arène