Francesco Sisinni, à la tête depuis neuf ans de l’Office central des biens archéologiques, architecturaux, environnementaux, artistiques et historiques (B.A.A.A.A.S) – la grande direction du ministère italien – a été limogé par le nouveau ministre, Domenico Fisichella, néofasciste, membre de l’Alliance nationale. Le professeur Francesco Sisinni, hiérarque inamovible de la Première République, détenait la réalité du pouvoir culturel. Les ministres passaient, lui restait…
ROME - "Sur proposition du ministre des Biens culturels et environnementaux", Domenico Fisichella, le conseil des ministres a démis de ses fonctions, le 9 septembre, le professeur Francesco Sisinni, et l’a remplacé par le Dr Mario Sero, directeur de la surintendance des Archives centrales de l’État. M. Sisinni est muté au ministère des Travaux publics, où il prend la direction de la Protection du territoire. Le Dr Salvatore Mastrozzi est nommé à la direction de la surintendance des Archives centrales de l’État.
Francesco Sisinni avait la haute main sur la quasi-totalité du secteur culturel, à l’exception des directions du personnel, des bibliothèques et des archives. À côté des 96 milliards de lires (environ 346 millions de francs) attribués aux archives et des 120 milliards de lires (environ 432 millions de francs) aux bibliothèques, les B.A.A.A.A.S "pèsent" annuellement 588 milliards de lires de subvention (environ 2,2 milliards de francs). Francesco Sisinni avait un pouvoir de fait d’autant plus important que la valse des ministres lui laissait pratiquement la bride sur le cou.
"Des structures un peu trop bouffies de responsabilité"
L’histoire des neuf années passées par Francesco Sisinni à San Michele – ensemble monumental splendidement restauré sur son ordre pour y installer sa direction générale – est une succession d’actes administratifs ordinaires, mais aussi d’innovations et de décisions ayant contribué au développement des activités institutionnelles. Sisinni a tranché et décidé – avec l’autorité sans partage de quelqu’un qui n’admet pas les discussions – du travail des surintendances provinciales, des instituts centralisés (y compris ceux de l’Inventaire et de la Restauration) et des nombreuses commissions instituées sur son ordre (Urgence-inventaire, Archéologie subaquatique et Archéologie industrielle).
Ce personnage est donc éjecté de son fauteuil proconsulaire par Domenico Fisichella. Est-ce un effet du nouveau climat politique italien ? "Il y avait là des structures un peu trop bouffies de responsabilité […] Cet Office avait sous son contrôle trop de secteurs", s’est défendu le nouveau ministre. Devant les protestations de l’intéressé, Domenico Fisichella a protesté : "Sisinni peut déclarer ce qu’il veut : je sais bien que j’ai agi en respectant scrupuleusement la loi". Quels qu’aient été les commentaires sur sa chute, il est toutefois clair que les maux dont ont souffert les Biens culturels, de 1975 à 1994, sont attribuables aux jeux pervers des responsables politiques – à l’exception de la courte parenthèse Alberto Ronchey – plus soucieux de leur carrière que du patrimoine.
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Domenico Fisichella fait le ménage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Domenico Fisichella fait le ménage