Après avoir dynamisé les périphéries, il dirige maintenant la RMN-Grand Palais.
Paris. Didier Fusillier a enfin pris la direction d’une grande institution parisienne : l’établissement public qui regroupe le Grand-Palais et la Réunion des musées nationaux (RMN). Cette reconnaissance apparaît un brin tardive (il a 64 ans) pour cet inlassable promoteur de la démocratisation culturelle alors que justement tous les ministres depuis quarante ans ont mis en bannière la culture pour tous. La raison est simple : il n’est ni énarque ni conservateur du patrimoine, ce qui lui ferme de nombreux postes dans un milieu culturel au fond très cloisonné. C’est en région que les collectivités locales lui ont permis de s’épanouir. D’abord à Maubeuge, sa ville natale dans le Nord où il crée un festival de spectacle vivant et dirige ensuite le Manège, une scène nationale, à cheval entre la France et la Belgique. Puis, en 1993, il s’approche de Paris – sans y entrer – pour animer pendant vingt ans la Maison des arts et de la culture de Créteil.
Martine Aubry à Lille va lui donner les moyens de se révéler en assurant la direction de « Lille Capitale européenne de la culture 2004 », puis tous les trois ans « Lille 3000 », un ensemble de manifestations pluridisciplinaires. C’est là qu’il invente l’art contemporain festif à travers des défilés, des expositions accessibles, le tout dans une ambiance de kermesse. L’État vient le chercher en 2015 mais c’est pour diriger la Grande Halle de la Villette dans l’Est parisien. Dans un modèle assez proche de celui du Grand Palais, il consolide l’activité de location des espaces de la Grande Halle pour des salons ou des expositions clefs en main, comme celle sur Toutânkhamon en 2019 (4,8 M€ de recettes), sécurise les revenus des deux concessions que sont le Zenith et le Parking (5,3 M€) et développe une programmation culturelle pluridisciplinaire très riche (5,7 M€ hors échanges marchandises).
Cette expérience acquise à La Villette lui sera précieuse pour relancer l’animation du Grand Palais fin 2024, une fois les travaux achevés et les épreuves des Jeux olympiques terminés. Pour autant, il devra composer avec une programmation pré-contrainte : les grands salons type Paris+ par Art Basel ou Paris Photo reviennent avec une régularité de métronome comme les événements sportifs (Saut Hermès) ou les défilés de mode. Même les Galeries nationales sont phagocytées et pour un bon bout de temps par le Centre Pompidou qui va y déployer ses collections. Restent le Grand Palais immersif et le Musée du Luxembourg, dont le rayonnement peine à dépasser leur arrondissement, où il pourra exercer ses talents. Des talents qui seront aussi nécessaires pour maintenir à flot ce qui reste de la RMN, les librairies-boutiques dans les musées, l’agence photographique et les éditions.
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Didier Fusillier se notabilise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°616 du 8 septembre 2023, avec le titre suivant : Didier Fusillier se notabilise