Des papyrus calcinés révèlent des informations inédites sur Platon

« Certains de ces textes pourraient complètement réécrire l’histoire de périodes clés du monde antique » promettaient les scientifiques en annonçant le recours à l’Intelligence artificielle pour « faire parler les papyrus d’Herculanum ». C’est la biographie de Platon qui va déjà être enrichie. Les rouleaux carbonisés lors de l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C et que l’on croyait indéchiffrables ont commencé à révéler certains de leurs secrets.

« Pour la première fois, nous avons pu lire des séquences de lettres de ce papyrus qui étaient cachées », se réjouit Graziano Ranocchia, professeur à l’université de Pise, à l'origine de cette découverte. « Cette formidable avancée a été permise en combinant deux techniques : la tomographie par cohérence optique et l'imagerie hyperspectrale infrarouge, grâce à un laboratoire mobile fourni par l'université de Nottingham Trent ». 1 000 mots grecs que l'œil humain ne pouvait plus voir ont ainsi pu être décryptés. Ils auraient été écrits par le philosophe épicurien Philodème de Gadara (110-40 av. J.-C.), qui a vécu à Herculanum.

L'auteur livre une chronologie revisitée de la vie de Platon décédé vers 348 ou 347 av. J.-C., à l'âge d'environ 80 ans. On pensait qu’il avait été vendu comme esclave en 387 av. J.-C., lors de son séjour à la cour de Denys l'Ancien de Syracuse, en Sicile. Le Papyrus d’Herculanum suggère qu’il aurait été asservi en 404 av. J.-C. lorsque les Spartiates se sont emparés de l’île d'Égine ou alors en 399 av. J.-C., immédiatement après la mort de son maître Socrate.

On apprend de nouveaux détails également sur la dernière nuit de Platon, avant qu'il ne succombe d'une maladie. Moribond, il n’aurait pas réellement apprécié les « douces notes » de flûte jouées par une musicienne qu’il aurait critiquée pour son « faible sens du rythme ». Mais la plus grande révélation du parchemin déchiffré demeure le lieu exact de la sépulture de Platon. On savait qu’il avait été inhumé près de l’Académie, selon le papyrus Il aurait été enterré dans un jardin privé, près d'un sanctuaire dédié aux muses dans l'Académie platonicienne au nord-ouest d'Athènes.

Ces découvertes ne sont que les premières d’une série qui s’annoncent bien plus nombreuses. Les chercheurs réaliseront d'autres scans jusqu'en 2026 pour dérouler les 600 autres rouleaux des papyrus d’Herculanum.