Candidat malheureux à Versailles, Xavier Darcos va prendre la tête de l’Institut français, censé remplacer CulturesFrance.
Avant sa discussion en séance publique à l’Assemblée nationale le 5 juillet, le futur « Institut français » se voit déjà doté d’un président putatif. Le 9 juin, Xavier Darcos, ancien ministre du Travail écarté du gouvernement après les élections régionales, a été nommé en Conseil des ministres ambassadeur, chargé de mission pour l’action culturelle extérieure de la France.
Cette nomination préfigure sa prise de fonctions à la tête de l’Institut français, nouvel organisme voué à se substituer à l’association CulturesFrance. Cette structure sera chargée de « promouvoir la présence et l’influence de la France à l’étranger et de participer à l’action extérieure de l’État, notamment par la mise en œuvre d’actions culturelles, de coopération et de partenariat ». Le porte-parole du Quai d’Orsay a toutefois précisé que « rien dans le projet de loi actuellement en discussion au Parlement n’exige la qualité d’ambassadeur pour présider le futur établissement public chargé de l’action culturelle extérieure ».
L’ancien ministre intègre ainsi le corps diplomatique, ce qui facilitera sans doute sa reconversion après ce passage par une structure sans envergure ni moyens. Nul n’ignore en effet que Xavier Darcos, qui a d’abord refusé ce poste, aurait préféré prendre la tête du domaine national de Versailles en lieu et place de l’actuel titulaire du poste, Jean-Jacques Aillagon. Mais écarter cet autre ancien ministre présentait le risque de prêter le flanc à ses détracteurs issus des rangs de la droite réactionnaire et royaliste, hostiles à l’ouverture du château à l’art contemporain, et qui ont durci le ton ces derniers mois. Xavier Darcos rejoint donc le Quai d’Orsay à contrecœur pour diriger un Institut dont la direction a été refusée, précédemment, par Xavier North, délégué à la langue française, et par l’Académicien Jean-Christophe Rufin, proche du ministre des Affaires étrangères et qui quittera à la fin juin le poste diplomatique de Dakar. Seul Olivier Poivre d’Arvor, actuel directeur de CulturesFrance, était toujours candidat, malgré ses volte-face sur l’avenir de cette structure, entre dénigrement et soutien.
Car la vaste réforme du réseau culturel français à l’étranger, annoncée en mars 2009 par Bernard Kouchner, a été progressivement vidée de sa substance. La réticence du corps diplomatique à perdre la main sur la culture à l’étranger, considérée comme un élément clef de la « diplomatie d’influence », et le refus d’une fusion avec les Alliances françaises, de statut associatif, fusion pourtant préconisée par les parlementaires, ont réduit les marges de manœuvre. Le texte qui sera débattu en dernière lecture à l’Assemblée nationale se contente donc de créer un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) remplaçant CulturesFrance.
Ce changement de statut avait été préconisé dès 2006 par la Cour des comptes. Mais la réforme du réseau culturel a été reportée à 2012, date butoir pour la remise d’un rapport au Parlement indiquant « les possibilités de rattachement du réseau culturel de la France à l’étranger à l’établissement public pour l’action culturelle extérieure », selon le texte du projet de loi. L’Institut français coexistera donc avec le réseau culturel, soit 154 services de coopération et d’action culturelle, 147 centres et instituts culturels, 27 instituts de recherche, 228 alliances françaises et 5 centres franco-étrangers subventionnés par le ministère des Affaires étrangères.
« Aucun bouleversement n’interviendra de ce seul fait dans l’action culturelle extérieure de la France, notait la députée (UMP) Geneviève Colot dans un rapport de janvier 2010. Au passage, cette transformation, en elle-même, ne fournira pas davantage de stratégie à ladite action culturelle… »
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Darcos à contrecœur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°328 du 25 juin 2010, avec le titre suivant : Darcos à contrecœur