Âgé de 59 ans, l’historien de l’art s’était imposé comme un des plus éminents spécialistes de la Renaissance italienne, tout en posant un regard attentif sur la création contemporaine.
Paris - Daniel Arasse est décédé le 14 décembre à l’âge de 59 ans des suites d’une longue maladie articulaire. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de lettres classiques, membre de
l’École française de Rome, il a rédigé sa thèse en histoire de l’art sous la direction d’André Chastel. De 1969 à 1993, il enseigne l’histoire de l’art (XVe et XVIe siècles) à l’université de Paris-IV, puis de Paris-I, avant de rejoindre l’École des hautes études en sciences sociales (ÉHESS). À ce solide itinéraire académique, qui a croisé nombre de figures marquantes (Louis Marin, Hubert Damish), est venu s’ajouter une acuité et une faculté d’observation exceptionnelles. En 2000, On n’y voit rien. Descriptions (2000, Denoël) était, sous la forme d’un recueil destiné à un large public, une perche tendue aux plus érudits pour renouer avec la vision. En 1992, cette préoccupation était déjà au centre de Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture (1992) ou du Sujet dans le tableau. Essais d’iconographie analytique (Flammarion). Spécialiste de la Renaissance italienne, Daniel Arasse a signé de nombreux textes et ouvrages de références sur le sujet, dont Léonard de Vinci. Le rythme du monde (Hazan, 1997) et L’Annonciation italienne. Une histoire de perspective (Hazan, 1999). Tout récemment, il avait été l’un des commissaires de l’exposition Botticelli au Musée du Luxembourg, réclamant une « approche beaucoup plus visuelle » de l’artiste (lire le JdA n° 178, 10 octobre 2003). Sa passion pour l’Italie l’avait amené à séjourner à Florence de 1982 à 1989. Là, il avait pris soin de doubler ses études d’une autre activité, celle de directeur de l’Institut français de Florence où, avec le festival France Cinéma, il renoue avec sa passion pour le 7e art. Daniel Arasse – qui était aussi nourri par la photographie – a su évoluer bien au-delà de son simple champ, et a encouragé ses étudiants à suivre son exemple. Son enseignement et ses écrits ont, en effet, suscité nombre de vocations et dépassé le seul « cercle renaissant ». Son dialogue avec la création contemporaine a lui aussi été constant. On se souvient ainsi de l’essai qu’il livra sur la série « Morgue » d’Andres Serrano, la reliant aux mementos mori classiques (Andres Serrano : le sommeil de la surface, Actes Sud, 1994), ou de son ouvrage sur Anselm Kiefer (Éditions du Regard, 2001).
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Daniel Arasse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°183 du 19 décembre 2003, avec le titre suivant : Daniel Arasse