Le financement public du nouveau Musée des beaux-arts de Lausanne, en Suisse, dont le déménagement était prévu sur les rives du Lac Léman, a été refusé le 30 novembre par 52,5 % des citoyens vaudois alors qu’il leur était soumis à référendum. Le Musée perd ainsi la promesse de recevoir les 150 œuvres et chefs-d’œuvre de la collection Jean Planque.
LAUSANNE - Le 30 novembre était un dimanche noir pour les partisans du nouveau Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, dont l’avenir était suspendu au vote de la population vaudoise. À 52,5 %, les citoyens ont refusé de financer la part cantonale du crédit d’études destiné à finaliser le projet, soit 390 000 francs suisses (254 000 euros) sur un total de 2,09 millions. Le « non » l’a emporté d’une courte majorité en raison de la diversité des récriminations à l’encontre d’un projet pourtant soutenu par les milieux culturels et politiques du pays.
Fondé en 1871, le siège historique du Musée des beaux-arts est le palais Rumine, situé au centre-ville de Lausanne. Partagé entre plusieurs institutions, le palais est loin d’être adapté aux besoins d’un musée moderne, aussi un déménagement est-il décidé dès 1991. En 2005, un concours international d’architecture désigne le cabinet zurichois Berrel Wülser Kräutler, lequel imagine « Yin Yang », un nouvel édifice sis sur les rives du Lac Léman, dans la commune de Bellerive. Dès lors, un front d’opposants se constitue, qui comprend Michel Thévoz, ancien directeur de la Collection de l’Art brut à Lausanne, et Freddy Buache, fondateur de la Cinémathèque suisse : les uns refusent la relégation du musée dans les faubourgs de Lausanne, les autres craignent la défiguration des rives lacustres. D’autres encore s’élèvent contre le nouveau statut du musée, qui deviendrait une fondation de droit public, synonyme, selon eux, de privatisation. Patrie démocratique par excellence, la Suisse permet à ses habitants de soumettre à référendum un décret voté par le parlement cantonal, une fois réuni 12 000 signatures de soutien. Écologistes, défenseurs du patrimoine, députés de tous bords et forains se sont alliés pour faire campagne contre le « bunker », avec le résultat que l’on sait.
Plus qu’un nouvel espace pour déployer ses collections riches de 9 000 œuvres, le musée perd la promesse de recevoir la collection Jean Planque (1910-1998), dont une sélection a été présentée à l’Hôtel de Ville de Paris en 2003. Ainsi s’envolent près de 150 œuvres, parmi lesquelles une quinzaine de Picasso, autant de Dubuffet et une poignée de Klee. Car le collectionneur vaudois souhaitait confier ses biens à une institution du canton de Vaud dépourvue d’œuvres similaires. À l’exception notable du palais Rumine, qu’il ne portait pas dans son cœur… Ce don aurait permis au musée d’étoffer ses collections en art du XXe siècle, de même que la donation des collections d’art contemporain de Suzanne du Bois et d’Alice Pauli, où figurent Janis Kounellis, Jim Dine, Giuseppe Penone et Pierre Soulages. Si le devenir du musée est aujourd’hui compromis, le gouvernement cantonal doit présenter ses intentions d’ici à la fin de l’année. Visiblement sonnée, la ministre vaudoise de la Culture, Anne-Catherine Lyon, refuse néanmoins d’associer cette défaite à un quelconque désaveu de la culture et des beaux-arts.
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Coup dur pour le Musée de Lausanne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°293 du 12 décembre 2008, avec le titre suivant : Coup dur pour le Musée de Lausanne