« Ce poste, je le voulais. » Rien ne résiste à Madame la (nouvelle) présidente de la Cité des sciences et du Palais de la découverte. Elle a conquis un poste qui va lui permettre « de donner envie de science ». Ce n’est pas vraiment la conquête spatiale, mais l’enjeu n’est pas mince.
Il s’agit de fusionner deux institutions avec deux cultures différentes et d’en faire le socle d’un futur opérateur national de la culture scientifique, dénommé Universcience. Au-delà, Madame la présidente veut « accompagner le citoyen dans la compréhension du monde qui bouge ».
Madame la présidente a bien conscience d’être une femme remarquable et « de représenter une vie imaginaire » inaccessible au commun des mortels. Médecin à 24 ans, elle est simultanément rhumatologue à l’hôpital Cochin et chercheur au Centre national d’études spatiales.
À 35 ans, elle rejoint la Cité des Étoiles en Russie pour être la doublure de Jean-Pierre Haigneré, qui deviendra par la suite son mari. Quatre ans plus tard, elle réalise une première mission à bord de la station orbitale Mir. En 2001, nouvelle mission spatiale à bord de l’ISS. À peine redescendue sur terre, Jean-Pierre Raffarin la propulse ministre de la Recherche… à 45 ans.
Mais l’élan se brise le 29 mai 2005 avec l’échec du référendum sur la Constitution européenne. Elle est alors en première ligne en tant que ministre aux Affaires européennes. Retour à ses premières amours avec un poste de conseiller à l’Agence spatiale européenne, jusqu’à cette nouvelle mission.
« Un rôle à assumer » afin de transmettre et de partager
« Madame la présidente » : on imagine une personnalité froide et distante. À tort. Claudie Haigneré est très séduisante, elle joue habilement de son charme et de son prestige auprès de ses interlocuteurs, avec un mélange de simplicité et de grande dame. Une belle chevelure poivre et sel, un large sourire, une taille de guêpe (le golf), elle n’est pas avare de ses paroles.
Enthousiaste et spontanée quand elle décline sa feuille de route à Universcience, elle est un peu plus en pilotage automatique quand elle évoque ses aventures spatiales, tant de fois racontées. Mais elle sait « qu’elle a un rôle à assumer » et le fait avec d’autant plus de bonheur qu’elle aime « transmettre et partager ». Elle voit d’ailleurs Universcience comme un instrument d’éducation informelle.
Un goût pour l’abstraction lyrique puis pour le réalisme soviétique
Son premier public c’est sa fille Carla, 12 ans. Grande lectrice, Carla ne rêve que d’une chose, c’est de tenir une librairie avec sa maman. Pour la librairie, il va falloir attendre un peu, car pour Claudie Haigneré la priorité est de réussir la fusion du Palais et de la Cité et de réinstaurer un dialogue social « dégradé ».
Claudie Haigneré n’a même plus le temps de s’intéresser à l’art contemporain. Dans les années 1980, elle dépensait ses vacations de rhumatologue en achetant à Drouot des tableaux de l’abstraction lyrique : Chu Teh-Chun, Zao Wou-ki ou plus construits, tels ceux de Vieira da Silva. Plus tard, elle profitera de son séjour et de sa notoriété en Russie – « j’étais un peu russe » – pour visiter les ateliers des peintres officiels et acquérir quelques beaux spécimens du réalisme soviétique. Le grand écart.
Mais elle ne compte pas abandonner l’art pour autant, elle entend même lui redonner toute sa place dans la programmation du Palais et de la Cité.
1957 Naissance au Creusot (71).
1981 Docteur en médecine.
1996 Première astronaute française dans l’espace.
2002-2005 Ministre de la Recherche puis ministre des Affaires européennes.
2009 Administratrice d’Universcience, issu de la fusion entre le Palais de la découverte et la Cité des sciences.
www.palais-decouverte.fr, exposition « La Faim des dinosaures », jusqu’au 2 mai 2010.
www.cite-sciences.fr, exposition « Mirages/céramiques », jusqu’au 25 avril.
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Claudie Haigneré - Un pied au Palais, l’autre à la Cité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°623 du 1 avril 2010, avec le titre suivant : Claudie Haigneré - Un pied au Palais, l’autre à la Cité