De la régénérescence du sol à la nature urbaine, le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire est une chambre d’écho des enjeux écologiques de notre époque.
Autour de la thématique du « Jardin source de vie », le Festival international des jardins de Chaumont réunit cette année vingt-cinq propositions venues d’Europe (France, Belgique, Italie, Royaume-Uni), du Canada, des États-Unis et de Corée du Sud. La diversité des projets sélectionnés sur dossier de candidature anonyme fait écho aux profils de leurs concepteurs : paysagistes, architectes, designers, artistes, étudiants ou professionnels aguerris… En déambulant d’une parcelle à l’autre, on mesure combien l’art du jardin reflète les préoccupations de l’époque et interpelle sur les défis à venir.
Le rapport au sol apparaît comme une thématique forte de cette édition 2024. L’herbe, ou la pelouse, est souvent bannie au profit de diverses techniques de paillage ou de l’usage de graviers, nécessitant moins d’entretien et moins d’eau. Surtout, la terre nourricière a perdu de sa superbe : blancheur et minéralité prennent souvent le dessus comme dans le Jardin pastoral de l’Atelier Shadauk où graminées et vivaces cohabitent avec une épaisse couche de laine de mouton écrue, qui protège le sol et maintient l’humidité. L’entrée dans l’Oasis contemporaine imaginée par quatre étudiants de l’École de la nature et du paysage de Blois donne l’impression de pénétrer dans une carrière de pierres. Même sensation de paysage minéral, avec ce manteau monochrome recouvrant les petits conifères disposés comme des personnages sur la scène du Théâtre du rideau blanc du collectif 1re fois. Les concepteurs sont originaires de Suède et du Canada. Le monde souterrain du pergélisol (couche de sol gelée dans la forêt boréale et la toundra) est au cœur de la proposition de Michal Buko, architecte paysagiste et Raphaële de Broissia, artiste (Belgique). Un substrat porteur d’une vie latente encapsulée depuis des millénaires, aujourd’hui menacée par le réchauffement climatique. Même un terrain meurtri par les guerres et parsemé de tranchées peut accueillir de nouveau la vie. Le Polémoflore des Français Baptiste Miremont, Murielle Baticle et Orlando Clarke évoque cette végétation typique et spontanée qui pousse après une bataille.
Dans un scénario plus ludique, Pollinators City recrée un paysage urbain de tours façon Manhattan, dans lesquelles les abeilles, papillons, oiseaux et autres pollinisateurs ont repris la main. Leur habitat perché au bout de pieux de bois dialogue avec les frondaisons environnantes. Autre proposition de jardin urbain se déployant en hauteur : les concepteurs du Jardin des murmures, de l’Américain David Simonson et du Français Thibault Rouet, paysagistes de l’agence Simonson Landscape, ont imaginé d’étonnants tumulus en béton bas carbone qui accueillent en leur sommet des arbustes et diverses plantes dans les interstices des parois. La visite du festival est complétée par les jardins permanents des prés du Goualoup qui offrent une succession de splendides tableaux naturels inspirés par la Chine, la Corée ou le Mexique.
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Chaumont-sur-Loire : la terre dans tous ses états
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°777 du 1 juillet 2024, avec le titre suivant : Chaumont-sur-loire : la terre dans tous ses états