Avec huit autres villes, Bruxelles a été désignée comme capitale européenne de la culture pour 2000 – une année autant charnière que symbolique. Au-delà des festivités, l’association chargée d’organiser la manifestation entend non seulement redynamiser la cité, mais en transformer la vision. Un pari à la taille du millénaire qui s’ouvre.
Les manifestations programmées dans le cadre de “Bruxelles 2000” ont donné lieu à la mise en place d’un projet à long terme aux répercussions aussi politiques qu’économiques ou culturelles. Le désir de voir Bruxelles, après Anvers en 1993, devenir capitale européenne de la culture était né de la déception engendrée par le Plan régional de développement adopté par la région de Bruxelles-Capitale en mars 1995. À l’inverse de localités comme Bilbao, le pouvoir politique de la région bruxelloise n’avait réservé au domaine culturel que la portion congrue. La culture ne relevant pas de compétences régionales mais communautaires, elle n’avait pas été intégrée au projet politique de la capitale. Aujourd’hui encore, certains représentants des Communautés – et particulièrement de la Communauté françaises – sont enclins à voir en “Bruxelles 2000” un détournement de compétences.
Au-delà des chicanes politiques, le projet tel qu’il a été lancé en 1996 s’est fixé un objectif audacieux.
Confiée à Bernard Foccroulle, l’actuel directeur du Théâtre royal de La Monnaie, la mise sur pied d’un avant-projet a mobilisé une grande partie des intervenants de la vie artistique et culturelle : débats, rencontres et enquêtes ont permis de dresser un état des lieux en se basant sur l’expérience de près de 1 500 participants, parmi lesquels près de 350 ont joué un rôle actif. Ce travail d’inventaire va au-delà des festivités de fin de millénaire. Bernard Foccroulle définit ainsi l’objectif de l’Association “Bruxelles, ville européenne de la culture de l’an 2000” comme une tentative de “s’approprier la ville pour lui conférer un caractère plus contemporain”.
Intégration des jeunes
L’opération passe par un bilan d’une visée urbanistique moderniste dont Bruxelles a sans doute souffert plus que toute autre ville européenne occidentale. À travers le thème de la ville, “Bruxelles 2000” entend créer une dynamique qui rende à la culture son rôle moteur, tant par la mise en place d’une politique d’art public que par l’intégration des jeunes, quel que soit leur milieu d’origine. Mixité, ouverture aux nouvelles technologies rencontrent alors le désir de rendre à la cité la dimension culturelle qui était la sienne au siècle dernier, tout en élaborant un projet qui tienne compte de la composante de la Belgique fédérale et européenne d’aujourd’hui.
À travers “Bruxelles 2000”, Bernard Foccroulle espère favoriser la floraison d’une nouvelle citoyenneté dont le principe central serait l’identification à une culture ouverte, dans une ville totalement repensée. Les manifestations qui se tiendront dans le cadre de l’Année européenne de la culture serviront d’amorce. Trois types de projets sont élaborés : ceux, centraux, qui émanent en propre de “Bruxelles 2000” ; ceux qui sont le fruit d’un partenariat entre les différentes institutions bruxelloises et, enfin, ceux qui fleuriront spontanément, sans implication directe de l’association, mais avec une reconnaissance qui leur vaudra de figurer dans le programme officiel des festivités. À ce jour, quelque 250 projets ont été enregistrés.
Le défi dépasse largement l’organisation d’un festival dont le budget s’élèvera à près de 1,4 milliard de francs belges (environ 224 millions de francs français), hors affectations à l’infrastructure culturelle. Il témoigne à la fois des craintes et des espérances d’une fin de siècle qui sera aussi une fin de millénaire.
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Bruxelles au XXIe siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Bruxelles au XXIe siècle