NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Le milliardaire Ronald Perelman réclame à ses assureurs une telle indemnité pour des œuvres détériorées par un incendie.
410 millions de dollars. C’est la somme considérable que réclame l’homme d’affaires américain Ronald Perelman à ses assureurs concernant cinq tableaux majeurs, qui auraient, selon lui, été endommagés, lors de l’incendie de sa maison d’East Hampton (New York), en septembre 2018.
Depuis 2020, trois holdings appartenant à Perelman, regroupées sous le nom d’AGP, sont engagées dans une bataille acharnée avec un consortium d'assureurs devant les tribunaux de l'État de New York. Selon les documents juridiques, la plus chère des cinq œuvres est Untitled (1971) de Cy Twombly. AGP affirme qu’elle vaut 125 millions de dollars, soit 55 de plus que le Twombly le plus cher jamais vendu aux enchères. Deux tableaux de Warhol sont également concernés : Elvis 21 Times, dont la valeur est estimée à 75 millions de dollars, et Campbell's Soup Can, dont la valeur est estimée à 100 millions de dollars. Pour Standard Station d'Ed Ruscha, l'une des images les plus emblématiques de l'artiste représentant la station-service du même nom, l’évaluation est de 60 millions de dollars, tandis que pour Box Smashed Flat du même artiste, qui représente une boîte de raisins secs de la marque Sun Maid, elle est de 50 millions de dollars. Perelman a acheté les cinq œuvres par l'intermédiaire du marchand d'art Larry Gagosian.
Perelman a déclaré dans les documents judiciaires, d’après le site Artnet, que ces tableaux avaient « perdu leur éclat, leur profondeur, une partie de leur définition et beaucoup de leur caractère » après l'incendie. Les assureurs - qui ont déjà versé 141 millions de dollars à titre d’indemnités - rejettent ces allégations, affirmant que les dommages en question sont antérieurs à l’accident de 2018 et que par ailleurs ils ont été poursuivis en justice par Perelman, avant même d'avoir pu terminer leur enquête. En résulte une montagne de documents juridiques débattant du moment de la prise en compte des demandes d'indemnisation, ou de la méthodologie utilisée pour évaluer les œuvres.
Perelman a engagé une experte en art de renom, Jennifer Mass, présidente de Scientific Analysis of Fine Art pour évaluer les œuvres. Elle a constaté que toutes avaient subi des « dommages liés au feu », selon les documents judiciaires. La plainte cite « la chaleur extrême, la fumée, la suie, l'humidité et l'eau » engendrées par l'incendie comme sources des dommages allégués. Les assureurs ont quant à eux fait appel à au moins quatre experts et sociétés différentes pour leur propre analyse. Ils affirment que Perelman n'a pas démontré de perte ou de dommage physique. De plus, un expert en assurances engagé par les compagnies note que la police d’assurance d'AGP ne couvre pas « l'usure, la détérioration graduelle ni le vieillissement accéléré ».
La fortune de M. Perelman est estimée à 2 milliards de dollars, selon Forbes. Ces dernières années, ce dernier aurait vendu des milliards de dollars d'actifs, comme des œuvres d'art ou son avion personnel, car la pandémie a eu des répercussions négatives sur ses affaires. Selon ses détracteurs, la date de la déclaration du sinistre par Ronald Perelman est très suspecte. « Il se trouve qu'elle coïncide avec une période où, d'après les médias, M. Perelman cherchait désespérément des liquidités pour rembourser des dettes arrivées à échéance », ont déclaré les assureurs dans les documents judiciaires.
En outre, les assureurs notent que les cinq tableaux se trouvent être les cinq valeurs assurées les plus élevées de la collection de M. Perelman, une étrange coïncidence selon eux. Prochaine étape : un arbitre a été nommé dans l'affaire.
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Aux États-Unis, une bataille d’assurance de 410 millions de dollars
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