PARIS
Le ministère de la Culture et de la Communication a présenté quinze mesures pour dynamiser les arts plastiques, résolument orientées vers l’aide à la création et la professionnalisation du secteur. Si le pragmatisme l’emporte, les montants alloués restent encore faibles.
PARIS - Le changement d’optique est manifeste. Alors qu’en 2005, dans un discours prononcé dans le cadre d’un événement marchand, la Foire internationale d’art contemporain (Fiac), Dominique de Villepin, alors Premier ministre, proposait un train de mesures en faveur des arts plastiques qui était avant tout orienté vers la fiscalité (lire le JdA no 223, 21 octobre 2005), sept ans plus tard, Frédéric Mitterrand a choisi d’amorcer un net virage. À ceux qui considéreraient que le dynamisme des arts plastiques est avant tout lié aux facilités offertes aux acteurs du marché, le ministre a décidé d’opposer sa volonté d’irriguer un écosystème en soutenant la professionnalisation du secteur et en renforçant ses réseaux. Il a choisi, en somme, de se positionner davantage du côté des artistes. Le 11 octobre, dans le cadre feutré de la Rue de Valois, Frédéric Mitterrand a donc présenté solennellement une série de quinze mesures en faveur du secteur. Celles-ci sont issues des réflexions menées dans le cadre des « Entretiens sur les arts plastiques » organisés à l’initiative de la Rue de Valois en février 2011, et qui avaient réuni près de 450 professionnels. Que s’est-il dégagé de la synthèse qui en avait été livrée au ministre ? Peu d’éléments concrets, auront déploré certains observateurs à l’issue de leur présentation. Ce à quoi la Rue de Valois oppose son « souhait d’affirmer que les arts plastiques sont un enjeu stratégique majeur » et sa « volonté de changer le socle de la relation de l’État à l’artiste ». Il s’agirait donc d’abord de poser des jalons. Voire.
La situation financière des artistes, dans leur grande majorité, n’est guère enviable. Le ministre souhaite donc que leur rémunération fasse désormais l’objet « d’une approche globale ». L’idée est d’instaurer un droit de représentation pour les plasticiens, sur le modèle de ce qui existe au Canada. L’idée est ambitieuse, mais le chemin promet d’être long pour parvenir à imposer ce changement, cela alors que le droit de suite compte encore de nombreux détracteurs. Cette sollicitude ministérielle envers les plasticiens passe par ailleurs par la création d’un fonds en faveur de la formation professionnelle, mais aussi par la relance d’un programme de construction d’ateliers. Le projet de la tour Utrillo à Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis), vouée à devenir la « Villa Médicis » du Grand Paris, devrait aussi bientôt pouvoir se concrétiser, le bâtiment étant en cours de rachat.
Un fonds d’avance
Autre axe de la réflexion : consolider le Centre national des arts plastiques (Cnap), « dont le rôle fédérateur devrait être renforcé » et que le ministre a souhaité comparer au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) – sans les taxes affectées afférentes. Rien de bien nouveau à cela, le Cnap étant déjà l’opérateur de l’État en matière d’art contemporain. Celui-ci pilotera toutefois un nouveau dispositif : un fonds d’avance – qui ne serait pas une subvention – destiné aux galeries et permettant la production d’œuvres. On se souvient, en effet, qu’une monumentale sculpture commandée à Xavier Veilhan pour le château de Versailles avait due être prise en charge pour sa production (190 000 euros) sur le budget d’acquisition du Cnap (lire le JdA n° 314, 27 novembre 2009, p. 16). Ce nouveau fonds devrait donc permettre de clarifier les choses. Il atteindra 500 000 euros en 2012.
Décidément placé sous les feux de la rampe, le Cnap devra aussi désormais réserver une partie de ses acquisitions (le tiers) au profit des musées d’art contemporain en régions, mais aussi des Fonds régionaux d’art contemporain (Frac). Au risque de laisser à penser aux Régions, partenaires des achats des Frac – c’est la clef de voûte du système des Frac – , que l’État assumera seul désormais cette politique ? « Au contraire, affirme-t-on dans l’entourage du ministre, c’est un signe que l’État ne se désengage pas alors que sa participation au financement avait diminué au fil des années ». Reste une grande inconnue : ce qui sera réellement mis au pot pour financer cette politique « d’irrigation ». Pour 2012, les arts plastiques n’afficheront que 69 millions d’euros au compteur. « L’un des plus petits budgets du ministère », concède-t-on Rue de Valois.
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15 mesures pour les arts plastiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°355 du 21 octobre 2011, avec le titre suivant : 15 mesures pour les arts plastiques