Edito

Un mur d'investissement

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2024 - 392 mots

Patrimoine. Versailles, Fontainebleau, Centre Pompidou, Grand Palais, Cnap…, la liste des sites patrimoniaux qui font l’objet d’un schéma pluriannuel de travaux donne le vertige.

La Cour des comptes en recense une douzaine dont le coût est supérieur à 20 millions d’euros. Le montant global de ces seuls douze chantiers s’élève à 1,4 milliard d’euros et le ministère de la Culture doit encore débourser 650 millions. Sans doute plus avec l’inflation sur les coûts de construction et les inévitables dépassements. Mais le plus préoccupant est à venir. Le Musée du Louvre doit d’urgence programmer des travaux et voudrait en profiter pour faire des aménagements structurels. Rien n’est chiffré mais on parle de 300 millions d’euros. Le Musée Guimet aimerait lui aussi faire des travaux, dont la première estimation avoisine 70 millions d’euros. Aux Beaux-Arts de Paris, le Palais des études, s’enfonce dans le sol, il faut 100 millions d’euros. Vous en voulez d’autres ? La Cité des sciences et de l’industrie, comme nous le révélions dans le précédent numéro ! Ici le budget ne se chiffre plus en millions mais en milliard d’euros (un seul milliard… mais quand même).

À l’exception des grands sites patrimoniaux comme le château de Versailles, nombre de ces équipements ont été construits ou rénovés il y a trente ou quarante ans sans que les autorités de l’époque aient correctement évalué leur fréquentation à venir, et encore moins leurs coûts de maintenance. Aujourd’hui, l’usure naturelle, les normes qui ne cessent d’évoluer ou la (faible) qualité des matériaux de construction utilisée requièrent de nouveaux travaux de restauration voire de rénovation. À l’exception du Musée du quai Branly, pour lequel son ancien président Stéphane Martin avait dès l’origine prévu un budget annuel de maintenance, les autres grands chantiers présidentiels n’ont pas provisionné de telles dépenses.

Ce mur d’investissement était déjà impossible à financer pendant les récentes années fastueuses de la Rue de Valois (bien que l’on ait trouvé les moyens de restaurer le château de Villers-Cotterêts pour la Cité de la langue française), il le sera encore plus dans les années à venir. Un choix courageux consisterait à recenser tous les travaux indispensables dans les sites nationaux et à porter le débat publiquement sur les priorités, ne serait-ce que pour décider d’un moratoire sur les nouveaux projets présidentiels : Maison du dessin de presse, Musée-mémorial du terrorisme, Maison des mondes africains…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Un mur d'investissement

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