Politique culturelle

COLLECTIVITÉ LOCALE

La Ville de Nice épinglée par la Cour des comptes

Par Olympe Lemut · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2024 - 484 mots

La Cour pointe une absence de stratégie globale pour ses politiques culturelles et sportives.

Paris. Un rapport publié en avril par la Cour des comptes souligne le manque d’outils de contrôle et une gestion approximative des gros dossiers de la Ville de Nice. La Cour a étudié la période 2015-2022 en s’attachant à la gestion par la municipalité des politiques culturelles et sportives, deux domaines où les magistrats relèvent des similitudes. Ainsi, deux fonds de dotation ont été créés en 2015 pour les politiques culturelles et sportives de la Ville de Nice, mais les magistrats relèvent qu’aucune activité n’a été déclarée jusqu’en 2022. En revanche, ils soulignent l’effet bénéfique pour la culture et le patrimoine de la candidature du centre-ville de Nice au patrimoine mondial de l’Unesco (le site a été inscrit en juillet 2021), ainsi que de la candidature de Nice au titre de « Capitale européenne de la culture » pour 2028 (c’est Bourges qui a été retenue). Ces deux dossiers ont cependant entraîné des dépenses supplémentaires, encore mal évaluées selon le rapport.

Si les magistrats de la Rue Cambon relèvent les initiatives au long cours de la municipalité dans ses politiques culturelles et sportives (extension de la gratuité des musées, dispositifs à destination des enfants, nouveaux parcours de randonnée, label « Ville sportive » décerné par le comité régional olympique), ils notent « l’absence de programmation stratégique » et ajoutent que la candidature pour 2028 ne peut remplacer « une stratégie globale qui prenne en compte l’ensemble des dépenses culturelles ». Dans le sport comme dans la culture, certains dossiers plombent le budget de la Ville. La construction du stade Allianz-Riviera (2011-2013) pour 245 millions d’euros dans le cadre d’un partenariat public-privé oblige ainsi à consacrer 30 à 40 % des dépenses d’investissement de la Ville aux annuités de remboursement de la dette contractée. Côté culture, c’est la gestion du Théâtre national de Nice (TNN, Centre dramatique national) qui pose un problème : la société TNN Productions absorbe 37 % des subventions allouées à la culture (soit 1,5 M€), alors que ses activités sont handicapées par un manque d’espaces adaptés. En effet, la destruction programmée du bâtiment qui hébergeait le TNN oblige le théâtre à relocaliser ses spectacles dans deux ou trois autres salles de la Ville : difficile dans ces conditions d’assurer « 100 représentations par an » comme le prévoyait la municipalité. Le rapport souligne au passage que le TNN touche une subvention de l’État plus faible que les autres CDN (1,7 M€ en moyenne). Le TNN est donc dans une situation difficile, dont témoigne le départ de deux administrateurs depuis 2019 : l’absence de convention pluriannuelle d’objectifs et moyens nouée avec les financeurs, pourtant prévue pour un Centre dramatique national, ajoute à ces difficultés de gestion. Au final, les magistrats estiment qu’il faut renforcer les moyens de contrôle des politiques culturelles et sportives à Nice, que ce soit sur les gros dossiers comme sur une vision stratégique à long terme.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : La Ville de Nice épinglée par la Cour des comptes

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