Numérique

Bruno Monnier : « Le digital est l’un des meilleurs outils pour partager la culture »

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 28 juin 2022 - 710 mots

Bruno Monnier a fondé Culturespaces en 1988. Spécialisé dans la gestion de monuments historiques, de musées et de centres d’art (Jacquemart-André, l’Hôtel de Caumont…), ce groupe privé développe également depuis 2012 des expositions immersives.

Bruno Monnier
Bruno Monnier
Photo Jean Grisoni
En septembre, Culturespaces ouvrira un nouveau centre d’art numérique des « Lumières » à New York. Pouvez-vous décrire ce lieu et ses expositions inaugurales ?

Le Hall des lumières ouvrira à New York après le 11 septembre. Ce nouvel espace est situé à TriBeCa, dans un très beau building classé monument historique. C’était autrefois le siège de la Emigrant Savings Bank, fondée pour les émigrés irlandais. Aujourd’hui, c’est un hall gigantesque composé de deux plateaux de 1 000 m2 environ, orné de colonnades, de décors magnifiques et de verrières. Nous occuperons aussi le sous-sol, plus moderne et dépouillé, et proposerons de ce fait des expériences assez différentes. Nous inaugurerons le lieu avec le programme long « Gustav Klimt, Gold in Motion » et le programme court « Hundertwasser, in the wake of the Vienna Secession ». Comme à Paris, nous présenterons aussi une création contemporaine : « 5th Movements », du studio turc Nohlab. Nous avons l’ambition de créer le grand centre d’art numérique de New York.

Pourquoi New York ?

Nous voulions développer nos activités aux États-Unis et New Yok nous a semblé la première étape, avant Houston, Chicago et Los Angeles. Nous sommes beaucoup copiés outre-Atlantique avec de petits spectacles immersifs de qualité médiocre. Nous voulons montrer ce qu’est la french touch en matière d’expositions immersives.

En quoi consiste cette french touch ?

C’est d’abord un management français, même si nous avons des équipes locales dans chacun des pays où nous gérons des centres d’art. C’est aussi un nom, une marque française. Ce sont des technologies et du matériel français. En termes d’expositions, enfin, nous nous appuyons beaucoup sur l’image culturelle et qualitative dont jouit la France à l’étranger.

Avant New York, il y a eu Dubaï, Jeju (Corée du Sud), Séoul et Amsterdam. Et bientôt, Dortmund et Hambourg. Qu’est-ce qui dicte vos choix ?

Nous cherchons d’abord à être dans les grandes capitales du monde, les grandes villes européennes ou dans les grands bassins de population. Nous sommes aussi en quête d’opportunités de bâtiments historiques : notre modèle repose en partie sur des lieux exceptionnels, de grande capacité, de grande hauteur, qui ont un caractère en soi et ajoutent de ce fait à la qualité de l’expérience. Trouver de tels espaces, dans des lieux densément peuplés, n’est pas simple.

Quels sont les ingrédients du succès des Lumières ?

D’abord, une technologie de haut niveau, permettant d’obtenir des images extrêmement fines et un son de grande qualité. Ensuite, la création artistique : nos programmes sont bâtis comme des expositions classiques, avec un parcours construit. Chaque exposition demande un an de travail, et même celles qui ont déjà été montrées nécessitent d’être adaptées aux lieux où elles trouvent place.

Les expositions immersives sont plébiscitées par le grand public, mais décriées par les spécialistes qui les tiennent pour un dévoiement de l’art dans le grand spectacle. Que leur répondez-vous ?

L’Atelier des lumières a réuni 1,4 million de visiteurs l’année de son ouverture, 400 000 en 2020 et 700 0000 en 2021. Les Carrières des lumières et les Bassins des lumières accueillent 750 000 visiteurs par an environ. De l’ado qui vient en groupe à la famille avec de jeunes enfants, notre public est bien plus large que celui des lieux d’art classiques. Dans le même temps, 75 % de la population française ne se rend pas dans un musée et les expositions sont de plus en plus difficiles à monter. Avec le réseau « Des lumières », nous restons dans la ligne originelle de Culturespaces : le partage de la culture avec le plus grand nombre. Le digital est l’un des meilleurs outils pour réaliser cette ambition.

"Des lumières"

Quel que soit le pays où ils s’implantent, les centres d’art numérique de Culturespaces déclinent en français le même titre : « Des lumières ».
 

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C’est le nombre de centres d’art numérique « Des lumières » ouverts par Culturespaces : Baux de Provence, Paris, Bordeaux, Dubaï, Jeju (Corée du Sud), Séoul et Amsterdam.

 

« Le but est d’être présent dans cinq ans dans toutes les grandes capitales politiques ou économiques d’Europe et dans plusieurs grandes villes aux États-Unis. » Bruno Monnier, Le Point, 22 avril 2022

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°756 du 1 juillet 2022, avec le titre suivant : Entretien : Bruno Monnier : « Le digital est l’un des meilleurs outils pour partager la culture »

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