Contemporains, liés depuis leur scolarité, Nabis l’un et l’autre, Vuillard et Roussel ont abordé ensemble la thématique du paysage, souvent mise de côté dans leur fortune critique.
Tout en les rapprochant, ce que montre avec pertinence cette exposition comptant une bonne moitié d’œuvres issues de collections privées et pour beaucoup inconnues, un tel sujet laissait en effet à chacun sa liberté d’expression, les lieux choisis étant la projection de leur moi intime. Tandis qu’Édouard Vuillard regarde la nature en citadin qui sort de chez lui pour aller à sa rencontre, Ker-Xavier Roussel en fait le théâtre de ses désirs. Le premier, plus cérébral, resserre ses observations sur de petits formats (La Fenêtre en hiver, 1893). Le second, plus sensuel, amplifie ses inventions sur de vastes toiles (Dans le verger, 1928). Avec Vuillard, l’extérieur adopte des tons adoucis, les cadrages sont savamment étudiés, les personnages se font discrets, presque silencieux. Pour Roussel, l’espace est un décor idyllique, un prétexte aux conquêtes de couleurs, aux démonstrations des joies domestiques, aux ébats des faunes et des bacchantes qui dansent en musique. Les connivences deviennent évidentes quand il s’agit des arbres, un motif récurrent qu’ils traitent avec un intérêt partagé. Suivant l’effet des saisons sur le feuillage, ils donnent au végétal une charge allégorique qu’accroît leur extrême virtuosité à manier le pastel. Les comparaisons sont d’autant plus intéressantes à faire quand on sait que les régions préférées par les deux amis se situaient à l’opposé, la Normandie pour Vuillard, la côte méditerranéenne pour Roussel. Quatre sections correspondant plus ou moins aux étapes créatrices de chacun guident le visiteur, ce qui est heureux, car les salles, assez petites, imposent un accrochage plutôt à l’étroit. L’exposition est réalisée en partenariat avec le Musée d’art Roger-Quillot de Clermont-Ferrand, qui fait également du paysage l’un de ses thèmes favoris. Elle y sera présentée l’an prochain.
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Vuillard et Roussel se retrouvent sur le motif
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°705 du 1 octobre 2017, avec le titre suivant : Vuillard et Roussel se retrouvent sur le motif