PARIS [11.09.15] - Ils se mêlaient aux touristes au Louvre ou à Versailles et s'habillaient comme eux pour subtiliser leur portefeuille : 17 personnes ont été condamnées vendredi à des peines d'un à cinq ans de prison dans une affaire de vols à la tire à Paris.
Le parquet avait requis jusqu'à sept ans d'emprisonnement.
L'enquête a permis d'interpeller des membres de deux équipes de voleurs, qui opéraient par groupes de deux ou trois personnes, habillées comme des touristes, pour distraire les victimes, fouiller poches et sacs, faire le guet.
Les peines les plus lourdes ont été prononcées par le tribunal correctionnel de Paris contre Sandra Baciu, qui se présentait elle-même comme la "reine des voleuses", et contre son mari, Robert Baciu, 41 ans. Le couple s'était rencontré à Rome en 1994, en volant dans le même sac à main.
L'avocate de la première, Sophie Hagège, s'est déclarée déçue par la peine prononcée contre sa cliente, tandis que sa consoeur Sandra Ammar, qui défendait le second, a estimé que le tribunal avait "personnalisé" les peines. Le président a en effet détaillé les rôles de chacun des prévenus en rendant sa décision.
Les pickpockets ciblaient notamment les touristes asiatiques, réputés pour avoir sur eux d'importantes sommes d'argent en liquide. C'est ainsi que l'accusation avait retenu la circonstance aggravante de l'appartenance à une race, une nation ou une ethnie. Mais le tribunal l'a écartée, estimant, comme les avocats de la défense, que l'esprit du texte visait à lutter contre les faits à connotation raciste.
- L'argent envoyé en Roumanie -
L'argent dérobé était ensuite envoyé en Roumanie, dont sont originaires la plupart des condamnés, notamment par mandats. Il servait à financer des trains de vie parfois fastueux, avec jet-ski et bouteille de Dom Pérignon, à acheter des maisons... Le tribunal a ordonné la confiscation des biens saisis.
Si les faits poursuivis concernent essentiellement l'année 2013, les investigations ont permis d'établir qu'entre 2005 et 2013, certaines des personnes mises en cause ont participé à 414 transferts d'argent, pour un montant avoisinant les 700.000 euros.
Les abondantes écoutes téléphoniques lues à l'audience ont permis de suivre presque en temps réel les agissements des voleurs, le jeu du chat et de la souris avec policiers et gardiens, les conseils prodigués, et permis d'appréhender le montant du fruit des vols, qui pouvait se chiffrer en milliers d'euros par jour.
L'enquête a mis au jour des complicités au sein du personnel de sécurité au Louvre ou à la Tour Eiffel, sans pouvoir les identifier formellement.
Un agent du château de Versailles a quant à lui été poursuivi. Il avait accepté contre rétribution de fermer les yeux et même de renseigner les voleurs sur la présence ou non de ses collègues les plus vigilants. Ses gains ont au moins atteint la somme de 10.000 euros, retrouvée lors d'une perquisition.
Il a été condamné à trois ans de prison, dont un avec sursis. La partie ferme de sa peine est aménageable. Contrairement aux réquisitions du parquet, le tribunal n'a pas ordonné son incarcération. Le jeune homme de 27 ans s'était préparé à cette possibilité et avait préparé son sac.
Son avocate Alexia Gavini a jugé cette peine "équilibrée", estimant que renvoyer son client en détention n'aurait eu d'autre sens que de le "briser".
Le tribunal a par ailleurs jugé irrecevable les constitutions de parties civiles du château de Versailles, des musées d'Orsay et du Louvre.
Au Louvre, face à la recrudescence des vols et des agressions, les agents avaient cessé le travail une journée en avril 2013, entraînant la fermeture du musée.
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Vols dans des lieux touristiques : jusqu'à cinq ans de prison
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Abonnez-vous dès 1 €Vue du Musée d'Orsay © Photo LPLT - 2013 - Licence CC BY-SA 3.0