Vente de Royaumont : acte II

Les 1er et 12 avril, à l’hôtel des ventes de Senlis, sera offert à l’encan le contenu des greniers et dépendances du Palais abbatial de Royaumont. À l’époque de la vente par Christie’s du contenu du bâtiment principal en septembre 2011, il n’était pas question pour les propriétaires des lieux (les descendants de la famille Fould-Springer) d’y toucher. Ces lieux comprenant une ferme, une laiterie, des écuries et de nombreuses autres dépendances, servaient de remises pour des objets secondaires et des vieux souvenirs qu’une maison de ventes aux enchères internationale n’aurait de toute façon pas pris en charge. Ils doivent être à présent dégagés. Ce travail revient tout naturellement au commissaire-priseur de Senlis, Vincent de Muizon. Il est épaulé par Emmanuelle Vidal-Delagneau, ex-cadre et commissaire-priseur chez Christie’s France, qui avait organisé la première vente. Emmanuelle Vidal-Delagneau, devenue indépendante, a monté il y a quelques mois sa société Adeona de gestion de patrimoine artistique et culturel.

Il aurait été facile de céder ces souvenirs de famille entreposés depuis près de 100 ans à des brocanteurs. Mais très forte a été l’émotion de voir se déplacer 3 500 visiteurs au Palais de Royaumont, lors des journées portes ouvertes qui avaient précédé la dispersion de la collection. Il s’agissait essentiellement de gens de la région qui avaient un lien affectif avec le domaine. Or ces personnes n’avaient pu emporter un seul souvenir de la 1ère vente, les prix ayant tellement flambé. L’idée d’une seconde vente de proximité où chacun pourrait cette fois-ci emporter quelque chose de Royaumont pour quelques dizaines ou centaines d’euros, s’est imposée. Tout le monde ignorait alors que la famille Fould-Springer avait laissé quelques trésors oubliés…

Lorsque Vincent de Muizon et Emmanuelle Vidal-Delagneau commencent l’inventaire, la tâche se révèle plus ardue que prévue. Au terme d’un long travail, ce n’est pas une centaine mais environ 1 200 objets qui sont mis à jour, avec quelques bonnes surprises. Ils découvrent notamment un lit d’apparat du début du XIXe siècle, en acajou, placage d’acajou et bois doré, à décor de cygnes, arc, masque et pots couverts. Ce clou de la vente est estimé 15 000 à 25 000 euros. Ils sortent aussi une charmante huile sur panneau, Paysage à l’étang, peinte au début du XXe siècle par Vaclav Radimsky et portant de prestigieux numéros d’inventaire (est. 4 000 euros) ainsi qu’une boîte rectangulaire en or jaune de la fin du XVIIIe-début du XIXe siècle dont le décor émaillé d’une scène de chasse est attribué au peintre Jean-Louis Richter (est. 4 000 euros), tandis qu’une immense et superbe tente berbère en coton et soie (est. 2 000 euros) témoigne d’un certain art de vivre d’une famille aristocratique avant-guerre.

Autre pièce phare de la vente : deux tables gigognes ornées de six portraits à la gouache des plus emblématiques chevaux de course du baron Gustav von Springer (1842-1920) dont l’écurie était considérée comme l’une des meilleures du monde à la fin du XIXe siècle (est. 6 000 euros). Au total, ce sont plus de 500 lots d’estampes, tableaux, orfèvrerie et argenterie, objets de vitrine, art d’Asie, céramiques et verres, bijoux, archéologie, cynégétique, costumes, jeux anciens, accessoires de mode et accessoires de sport et des manettes de livres anciens et modernes, de brocs en étain ou de boîtes à savon, qui seront dispersés à partir de 10 euros.