UNESCO : l'église serbe appelle à empêcher l'adhésion du Kosovo

Belgrade, qui considère toujours le Kosovo comme étant la province méridionale de la Serbie et le berceau de la culture serbe, refuse de reconnaitre son indépendance, unilatéralement proclamée en 2008 par la majorité albanaise de la population.

"Si la force est employée" pour déposséder la Serbie de son patrimoine historique et culturel au Kosovo, a déclaré Mgr Irinej, "nous devrons tout faire pour le défendre par des moyens pacifiques ou par la force".

"J'espère que nous ne serons pas contraints d'employer ces moyens (la force, ndlr) et que la conscience de ceux qui décident de notre destin se réveillera", a déclaré le patriarche à la télévision d'État serbe (RTS).

Les puissants de ce monde "veulent nous prendre nos lieux saints et les proclamer lieux saints kosovars (...) ces lieux nous appartiennent, il s'agit de notre histoire, de notre culture, du berceau de tout ce qui est grand et durable dans notre histoire", a insisté Mgr Irinej.

"En aucun cas nous ne devons permettre que le Kosovo n'appartienne pas à ceux qui en sont les propriétaires", a-t-il ajouté, s'insurgeant contre l'intention de confier les lieux saints serbes à "ceux qui tout au long de l'histoire n'ont fait que les détruire".

Le patriarche serbe se référait notamment aux émeutes de mars 2004 au Kosovo, lorsque des Albanais ont incendié et endommagé des dizaines d'églises et de monastères serbes, notamment l'église "Bogorodica Ljeviska" à Prizren (sud), datant du XIIe siècle, qui figure sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité.

Trois des principaux monastères orthodoxes du Kosovo, ceux de Pec, où sont intronisés les patriarches serbes, de Gracanica et de Decane, figurent également sur cette liste.

Belgrade refuse catégoriquement de voir le Kosovo être admis au sein de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), ce qui lui transfèrerait la responsabilité notamment de l'entretien de ces monastères et constituerait une étape vers son adhésion à l'ONU, arguant que la protection de ces lieux ne peut être confiée à ceux qui ont tenté de les détruire.

Une guerre a opposé dans l'ex-province serbe du Kosovo une guérilla indépendantiste albanaise aux forces de Belgrade en 1998 et 1999.

Le Kosovo, qui compte 1,8 million d'habitants, dont 90% d'Albanais, a été reconnu à ce jour par plus de cent pays, dont les États-Unis et la majorité des pays membres de l'Union européenne.