Une remise en état des lieux requise pour la Demeure du Chaos

L’avocat général près de la Cour d’Appel de Grenoble a requis, le 18 novembre 2008, la remise en état des lieux dans l’affaire de la « Demeure du Chaos », une œuvre d’art controversée implantée dans un village classé des environs de Lyon. La « Demeure du Chaos » est un ancien relais de poste du 17e siècle que son propriétaire, le plasticien et homme d’affaires Thierry Ehrmann (président du groupe Serveur et d’Artprice.com), a « déconstruit ». Depuis 1999, il a supervisé le travail d’une quarantaine d’artistes qui ont transformé les murs d’enceinte et la façade de la bâtisse, située à Saint-Romain au Mont d’Or (Rhône), les ornant de signes ésotériques ou de portraits controversés, Oussama Ben Laden ou Fidel Castro, sur fond noir ou rouge sang. En 2004, le maire de Saint-Romain avait porté plainte contre Thierry Ehrmann, lui reprochant d’avoir enfreint le code de l’urbanisme et de ne pas avoir effectué de déclaration préalable aux travaux.

L’avocat général, Françoise Pavan-Dubois, a dit : « Il me semble outrecuidant de dire soi-même qu’on a commis une œuvre d’art », alors que Thierry Ehrmann a invoqué un article de la loi Malraux selon lequel « les œuvres d’art ne sont pas soumises à permis de construire lorsqu’elles n’excèdent pas 12 mètres de hauteur ». L’avocat général constate que Mr. Ehrmann a « modifié l’apparence extérieure du bâtiment et du mur de clôture sans respecter les règles d’urbanisme ». « Vous avez le droit de faire ce que vous voulez chez vous, mais vous n’avez pas le droit d’imposer à autrui l’expression de votre propre liberté. Chacun, y compris les artistes, doit se conformer aux règles d’urbanisme. On ne juge pas aujourd’hui une œuvre d’art, mais le non-respect des règles d’urbanisme », a conclu le ministère public.

Thierry Ehrman a déclaré à la rédaction : « Je suis effondré moralement. Ce réquisitoire est très triste pour l’œuvre d’art en France, puisqu’il pose que désormais les œuvres d’art sont soumises au permis de construire. »

L’arrêt à été mis en délibéré au 16 décembre 2008 à 14h.