Une invitation à « libérer la matière »

Pour Marie-Françoise Bouttemy, directrice artistique de la foire, ce choix vient d’abord rendre compte de l’évolution des pratiques depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. « Alors que la modernité reléguait l’étude des matériaux au second plan, l’art contemporain multiplie les techniques et matériaux, et enrichit les moyens d’expression, notamment par l’usage de produits manufacturés ou naturels glanés par l’artiste, explique-t-elle. En mettant l’accent sur les matériaux, nous voulons souligner leur importance dans le processus de création et montrer que l’artiste est aussi un aventurier. »

La thématique de l’édition 2025 vient aussi confirmer le positionnement de Lille Art Up! comme défricheuse. Dans une époque marquée par l’engouement pour des savoir-faire tels que les arts du feu ou la tapisserie, la foire attire les regards sur des démarches artistiques parfois situées à la lisière des beaux-arts et de l’artisanat, et où la création procède d’un dialogue complexe avec le métal, le bois, le verre, la terre, la pierre ou le textile, mais aussi le béton, les plumes ou les coquillages. « Certains artistes sont dans une relation fusionnelle avec la matière, d’autres la combattent », résume la directrice artistique.

L'ART DANS TOUS SES ÉTATS

Cette année, une trentaine de galeries se sont prêtées à l’exercice. Regroupées au sein de Lille Grand Palais à proximité des espaces consacrés aux expositions et mises en valeur par un parcours de médiation, elles ménagent aux visiteurs d’heureuses découvertes. La galerie Down to art (Gand) présente ainsi un ensemble de sculptures de l’Italien Egon Digon, véritables trompe-l’œil où la rigidité du bois semble démentie par le moelleux des formes. Sur le stand de la galerie D2 (Paris), Ryo Hikosaka met sa maîtrise de la dinanderie au service de pièces délicates ourlées à la feuille de bronze. Sur celui de la galerie Adrienne D (Ypres), les sculptures animalières d’Ule Ewelt suggèrent une approche brute, presque rugueuse, de la céramique. À la galerie Platini (Veyrier-du-Lac), Lise Gonthier joue des effets de transparence du verre dans un ensemble de sculptures aériennes. À travers les œuvres de Nafiseh (galerie Art n’Pepper, à Sart Lez Spa), Michael Beerens (Early Birds Art Gallery, Knokke-Heist), Kuniko Maeda (galerie A Tempera, Montfort L’Amaury) ou Éric Robin (galerie Deza à Lyon), Lille Art Up! donne aussi à voir des usages originaux du papier, tour à tour froissé, déchiré, découpé.