Art Contemporain - « Le collectionneur de paysages attend tout du paysage qui va suivre », écrit Salah Stétié dans un recueil de poèmes illustré par Pierre Alechinsky (né en 1927).
Une assertion qui sied parfaitement à l’artiste dont la pratique picturale s’accorde avec la collection de paysages. S’ils peuvent parfois paraître semblables dans leur structure, ses peintures et ses dessins sont toujours différents dans leur expression et leur profondeur. Pierre Alechinsky aime voyager. L’exposition à la Fondation Boghossian, dans l’écrin Art déco de la Villa Empain s’intéresse plus particulièrement aux voyages qui l’ont mené en Orient (en Chine et au Japon) et à l’influence qu’ils ont pu avoir sur son œuvre. Ses plus beaux voyages, il les a pourtant sans doute menés entre les quatre murs de son atelier, sur le planisphère de son imaginaire avec l’encre et le papier comme moyens de locomotion. Au fil de la centaine d’œuvres réalisées entre 1947 et 2024, les liens avec l’Orient sont souvent subtils et discrets, parfois plus immédiats comme dans Mes pays (1957), encre sur papier qui évoque la peinture chinoise de paysage. Le geste est au cœur de la pratique artistique de ce gaucher contrarié, comme il est l’âme et la respiration de la calligraphie. C’est dans l’atelier new-yorkais du peintre chinois Walasse Ting (1929-2010), en 1965, qu’Alechinsky amorce l’abandon de la peinture à l’huile pour l’acrylique sur papier posé à plat sur le sol, ensuite marouflé sur toile. Avec pour seuls bagages, une paire de lunettes, un pot d’encre de Chine et un pinceau (Matériel minimum, 1988), il n’a cessé de voyager. L’invitation au voyage peut venir des pages des atlas du XIXe siècle couvertes de dessins qui explosent et grondent d’audace et de liberté. Elle émerge aussi de l’estampage comme il le pratique en Chine avec les plaques d’égout et les décorations de cloches de temple mises au rebut pour offrir un point de départ à ses compositions. Elle se feuillette avec les yeux sur les pages d’un livre de porcelaine. Et jamais, on ne compte les kilomètres.
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Une collection de paysages
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« Alechinsky, pinceau voyageur »,
Fondation Boghossian, Villa Empain, avenue Franklin-Roosevelt, 67, Bruxelles (Belgique),
www.villaempain.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL
n°782 du 1 janvier 2025, avec le titre suivant : Une collection de paysages