Devant l’ambassade de France, Pariser Platz à Berlin, on ressent très fortement la division de la façade – entre un socle en pierre et une partie supérieure beaucoup plus claire. Pourquoi ce jeu de contrastes ?
Le Sénat de Berlin a demandé qu’il y ait un effet de socle en pierre. Je n’ai pas voulu utiliser de la pierre collée, j’ai donc employé du béton éclaté, comme je l’avais fait auparavant pour le palais de justice de Grasse. Au-dessus il y a un enduit ciment très sobre et j’ai joué sur l’idée de l’étage noble avec ses grandes fenêtres qui indiquent le niveau du jardin intérieur. Le rythme des fenêtres est légèrement irrégulier, un peu musical, pour éviter toutes ces cartes perforées qui sont typiques du Berlin actuel. J’ai fait des ébrasements afin qu’il y ait, depuis l’intérieur, des vues vers la porte de Brandebourg, et pour que le soleil y pénètre l’après-midi. Les ébrasements ne sont pas traités en enduit ciment mais en stuc très blanc. La rugosité du béton, le lisse de l’enduit blanc, des finitions peu chères d’ailleurs, offrent les contrastes que j’ai voulus.
Des critiques allemands, qui ont beaucoup apprécié le béton éclaté, vous ont demandé pourquoi vous n’aviez pas traité l’ensemble des façades dans ce matériau.
C’est dans le goût d’un certain réflexe d’aujourd’hui de se dire qu’on a une chose et qu’on la décline. Ce n’est pas du tout ma philosophie, ni mon goût. Avec ce béton partout, on aurait retrouvé l’enfermement.
Éviter l’enfermement, voilà une description d’une bonne partie de votre œuvre urbaine...
Le travail sur les volumes allait déjà dans ce sens quand j’ai fait les Hautes Formes – ce sont des volumes qui laissent entrer la lumière. C’est toute une culture que j’ai développée et qui permet de désenclaver l’îlot fermé. Je sens qu’à Berlin je suis arrivé mieux qu’ailleurs à une pluralité de matières et de volumes. C’est presque comme si plusieurs architectes y avaient travaillé et qu’ils avaient réussi à faire de beaux contrastes. C’est une sorte de petite cité, un paysage urbain. Il y a un immeuble en verre, un immeuble noir, des filtres ou des trames métalliques, qui laissent apercevoir le jardin depuis l’intérieur. Effectivement on ne se sent pas enfermé. Il y a toujours des échappées visuelles.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un paysage urbain, entretien avec Christian de Portzamparc
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Un paysage urbain, entretien avec Christian de Portzamparc