Le lieu créé au pied du mont Gerbier-de-Jonc souligne toute la rude majesté du site.
Sainte-Eulalie (Ardèche). En 2015 s’ouvrait au public l’impressionnante réplique de la grotte Chauvet [la Caverne du Pont-d’Arc, Ardèche]. C’est dans le même objectif, assurer l’essor touristique et culturel de son territoire, que le Département de l’Ardèche a lancé l’opération « Mont Gerbier-de-Jonc », concrétisée cet été par l’inauguration d’un musée dans l’ancien chalet du Touring Club de France, et la mise à disposition des visiteurs d’espaces extérieurs remodelés. Ceci tant pour améliorer leurs conditions de stationnement et d’accueil que pour préserver l’âpre beauté de ces lieux où la Loire prend naissance. Les deux objectifs, tout contradictoires qu’ils paraissent, ont été habilement conciliés par les paysagistes de l’agence Territoires. La simplicité, voire la rudesse, de leurs matériaux comme des lignes imprimées au paysage sont pertinents.
Même austérité et même réussite pour l’intervention architecturale qu’ont opérée les agences parisiennes Charles-Henri Tachon et Gelin Lafon : refonte du chalet et extension de celui-ci afin qu’il devienne le moyen privilégié d’interprétation du site. L’extension apportée constitue en elle-même une mise en scène du Gerbier, par la spectaculaire vue en contre-plongée qu’elle offre sur le bas de la montagne, réconfortant le visiteur qui pourrait être déçu par la relative absence de collections. Le parcours muséographique, signé des agences Basalte (Saint-Étienne-de-Fontbellon), Alchémille (Paris) et Armelle Bres (Avignon), s’appuie essentiellement sur l’usage de moyens multimédias.
Les paysagistes avaient à traiter un point épineux dans tous les lieux d’affluence touristique estivale, le stationnement des voitures. Plutôt que de le concentrer, ils l’ont étiré sur un côté de la route d’accès, celui bordant le musée. La bande en béton se complète aux extrémités de places enherbées ; plus loin, des prairies peuvent faire office de parkings d’appoint les jours de grandes foules. Ainsi l’autre côté de la route est-il entièrement dévolu aux piétons, et dépourvu d’arbres, afin que le panorama reste grand ouvert sur les plateaux en contrebas et les monts au loin. Le souci de protéger les lieux de la surexploitation touristique a prévalu aussi pour les stands de produits du terroir installés de part et d’autre du musée : nombre ramené à douze, modèle type à la discrète robe de bois. Les sentiers permettant de gravir le mont Gerbier convergent autour du musée, on accède à ce dernier par un escalier délibérément fruste, en blocs de roche volcanique presque noire, sœur du phonolite formant le Gerbier.
Dans l’extension construite à l’arrière du chalet, c’est à l’extérieur autant qu’à l’intérieur que le discours se poursuit. Le volume se coiffe en effet d’un claustra aux mailles monumentales qui aspire littéralement le regard vers le Gerbier s’élevant juste au-dessus. L’œil est d’autant plus attiré vers le haut que le sol, épousant la pente du mont, se relève jusqu’à atteindre le claustra. De ce plan incliné émergent deux excroissances rocheuses, l’allégorie du minéral omniprésent étant parachevée par le matériau du claustra et des murs, le béton grossier déjà employé pour les reprises en façade.
Le parcours des expositions – permanentes et temporaires – commence dans l’extension et continue dans le chalet, au premier étage revêtu de bois blond. Un mobilier en châtaignier et dibond permet de présenter maquettes, films et diaporamas. Le triangle est la forme de base à partir de laquelle ses divers composants sont déclinés, ceci symbolisant la triade thématique développée pour raconter le Gerbier : son origine volcanique, la naissance de la Loire, le paysage exceptionnel.
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Un nouveau musée pour les sources de la Loire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Un nouveau musée pour les sources de la Loire